Cauchemar au camp

De Luc Boulanger

Résumé

Au cours d’une expédition, un groupe de jeunes d’un camp de vacances s’installe au bord d’une rivière. Le soir venu, leur moniteur raconte une légende au sujet d’une bête monstrueuse qui aurait autrefois hanté les lieux. L’histoire fait d’abord sourire, mais d’étranges manifestations sèment l’inquiétude ; des bruits de pas résonnent, des ombres se dessinent. On pense d’abord à un canular, jusqu’à ce que certains jeunes disparaissent mystérieusement… La bête serait-elle de retour ? Une pièce de théâtre d’horreur qui a été jouée aux quatre coins du monde.

Fiche technique

  • Style/Thème : Une aventure pleine de suspense, de frissons et d'humour
  • Lieu : Dans les bois, sur un site de camp
  • Nombre de comédiens : 14
  • Durée : 50 min. (37 pages)
  • Âge : 8 à 13 ans
  • Niveau : Intermédiaire, Avancé

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Informations générales

Théâtre Animagination

Extrait de la pièce

Cauchemar au camp

Pièce de théâtre d’horreur de Luc Boulanger

Les personnages

Les moniteurs :
Christophe
Annabelle
Serge

Les enfants :
Zacharie
Tristan
Jean-Olivier
Nathan
Catherine
Delphine
Romane
Zoé
Tania
Macha
et le Barzaloup

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Intro

Sur une musique enjouée, le groupe arrive. On s’affaire autour du camp, on dépose des sacs à dos, on ramasse du bois.

 

Scène 1 : La légende

Christophe : Aie tout le monde. Prenez bien le temps de vous asseoir comme il faut parce que je m’en vas vous raconter une légende, une légende qui ne vous laissera sûrement pas indifférent.

Les jeunes s’approchent.

Tristan : J’adore les légendes surtout celles avec des héros qui combattent des monstres.

Zoé : Les zistoires de monstres, zé touzours peur que ça arrive pour vrai.

Annabelle insistante : T’inquiète pas si Christophe conte des légendes, c’est qu’elles doivent être belles et surtout se terminer très bien, n’est-ce pas ?

Christophe : Sûr. Cette légende va vous expliquer pourquoi la chute juste ici à côté s’appelle la chute du Barzaloup.

Jean-Olivier : J’ai lu dans un livre que le Barzaloup était le surnom du vieil homme qui s’occupait du moulin de la chute.

Christophe : Ça, c’est ce que disent les livres, mais il ne faut pas toujours s’y fier. Moi, je vais vous révéler la véritable histoire, celle qu’on chuchote le soir près du feu de camp, celle qu’on partage seulement avec ceux qui descendent la rivière en canots.

Nathan : Ne parlez plus de canots, j’ai ramé toute la journée et j’en peux plus.

Jean-Olivier : On ne dit pas « ramer » ; en canot, on avironne et en chaloupe, on rame.

Nathan : Ramer ou avironner, j’ai les bras morts quand même.

Romane : Dis-toi qu’il te reste encore quatre beaux jours d’expédition en canots.

Annabelle : Demain, tu vas te lever en meilleure forme.

Christophe : Je continue. En vérité, le Barzaloup est une créature conçue par un savant détraqué.

Tania : Tu ne devrais pas nous raconter cette légende, car tu risques de réveiller la créature ou d’attirer sur nous le mauvais oeil.

Delphine : Bon, encore l’autre avec ses superstitions de vieille femme.

Zacharie : Arrêtez donc de l’interrompre sinon, on ne pourra jamais entendre la suite.

Christophe : Merci Zacharie.

Zacharie tout content : De rien Christophe.

Christophe : Le savant détraqué dont on a oublié le nom aujourd’hui, était venu s’installer avec son fils au moulin, loin dans la forêt. Il voulait se cacher pour effectuer des expériences scientifiques interdites et créer un animal parfait. Pour y arriver, il greffait des morceaux d’animaux ensemble. Un genre de docteur Frankenstein de la faune.

Jean-Olivier : Ce qui est impossible, car l’ADN et le sang de diverses provenances ne peuvent s’accorder ensemble. Il y aurait un rejet.

Tristan : On s’en fout. C’est une légende.

Christophe : Après plusieurs mois de travail, le savant avait réussi à concevoir une bête terrifiante avec un corps d’ours, une tête de loup et un pelage de porc-épic. Il l’a appelé le Barzaloup.

Delphine : Pourquoi pas un croisement entre un écureuil, une poule et une mouffette ?

Romane : On appellerait ça une écupoufette.

Christophe : Est-ce que vous voulez que j’arrête ou je continue ?

Les autres : Continue, continue

Christophe : Mais le plus horrible et le plus dégoûtant, c’est qu’il a mis le cerveau de son propre fils dans la tête du Barzaloup donnant ainsi à la bête la force de l’animal et l’intelligence de l’humain. Le savant gardait le monstre dans une énorme cage avec des barreaux en fer. Mais le Barzaloup avait un appétit gargantuesque.

Catherine : Qu’est-ce que ça veut dire gargantuesque ?

Christophe : Une faim énorme.

Jean-Olivier : C’est un adjectif dérivé d’un personnage de roman écrit par Rabelais. Le personnage, Gargantua, mangeait beaucoup d’où le mot gargantuesque.

Christophe : Il fallait donc nourrir cette bête qui avait une faim de loup et un penchant pour les repas recherchés des hommes. Le Barzaloup se délectait des viandes tendres et bien apprêtées et raffolait des desserts, particulièrement des biscuits.

Delphine : Tiens, tiens.

Christophe : Un jour, ce qui devait arriver arriva. Le Barzaloup devint tellement fort qu’il brisa les barreaux de sa cage et détruisit le moulin.

Zacharie : Ah, c’est pour ça qu’il est en ruine maintenant.

Christophe : Pour se venger, il mangea le savant et se sauva dans la forêt. Il trouva refuge dans une grotte de la montagne et se mit à chasser. Des années passèrent sans que personne ne sache rien de cette histoire. Puis un été, un groupe d’un camp de vacances vint pour descendre la rivière en canot.

Zacharie : Des campeurs comme nous ?

Romane : Quel hasard, hein.

Christophe : Le Barzaloup sentit leur présence et surtout leur odeur, car il aimait beaucoup la chair humaine. Il retourna aux ruines du moulin. Il trouva un grand sac et captura tous les membres du groupe un à un.

Macha : Même les moniteurs ?

Christophe : Même les moniteurs.

Tristan : Il ne les mangeait pas tout de suite ?

Christophe : Non, parce que le Barzaloup préférait la viande bien apprêtée. Il jetait les campeurs dans un grand trou au fond de sa grotte, un grand trou avec plein d’eau et toutes sortes d’ingrédients. Il voulait attendrir et faire macérer ses futures victimes.

Romane : Raffiné comme monstre quand même.

Nathan : Est-ce qu’ils sont tous morts ?

Christophe : Non, parce que le dernier à se faire attraper était le plus petit, mais aussi le plus intelligent. On l’appelait Ti-Jean. Il traînait toujours sur lui un canif.

Tristan : J’ai toujours un canif.

Christophe : Ti-Jean s’est fait attraper, mais lorsqu’il était dans la poche, il l’a déchiré avec son couteau et il a réussi à s’enfuir. Le Barzaloup, avec son odorat développé, s’en est rendu compte et s’est mis à la poursuite du jeune garçon. Mais, celui-ci se souvenait que les ours, le Barzaloup avait un corps d’ours, descendaient avec difficulté les pentes raides.

Jean-Olivier : Par chance parce que les ours courent plus vite que les humains et savent grimper aux arbres. C’est très difficile de distancer un ours.

Christophe : Et notre Ti-Jean le savait. Il s’est dirigé rapidement vers le cap qu’il y a juste au-dessus de la chute. Rendu en haut, il a attendu le monstre. Lorsqu’il est arrivé près de lui, Ti-Jean l’a regardé dans les yeux et pendant une seconde, il a cru reconnaître l’humain dans la bête.

Tania : Dans chaque humain se trouve une bête et dans chaque bête réside une parcelle d’humanité.

Christophe : Mais l’instinct animal a repris le dessus et le Barzaloup s’est jeté vers Ti-Jean qui s’est mis à dévaler la pente. L’autre l’a suivi et a perdu pied. Le monstre a dégringolé jusque dans la chute. Il a été emporté par le courant et on n’en a jamais plus entendu parler. Est-il est vraiment mort ? Nul ne le sait.

Catherine : Est-ce que ceux qui ont été faits prisonniers ont été sauvés ?

Christophe : Bien sûr, Ti-Jean est retourné à la grotte avec une corde pour permettre aux autres campeurs de sortir du trou. Ils ont décidé de ne jamais conter cette histoire à personne sauf aux campeurs qui viendraient descendre la rivière. Voilà pourquoi je tenais à vous la faire connaître. On me l’a apprise lorsque j’étais jeune comme vous.

Tania : T’aurais pas dû, Christophe. Ma grand-mère dit que lorsqu’on conte des histoires sur des êtres maléfiques, on les réveille.

Romane : Ben voyons donc.

Tania : C’est vraiment vrai parce que ma grand-mère connaissait un monsieur qui parlait toujours des vampires et un jour, on l’a retrouvé mort avec deux trous dans le cou. Il était vidé de son sang.

Delphine : Elle regarde trop de films ta grand-mère et elle pense que c’est la réalité.

Tania : Ma grand-mère, a connaît ça mieux que toi les légendes parce qu’elle est née dans l’ancien temps et dans ce temps-là des légendes, il y en avait partout.

Delphine : Tu dis n’importe quoi.

Nathan : Elle était plate la légende, j’ai même pas eu peur.

Tristan : Non, elle était tripante. Est-ce que tu pourrais nous en raconter une autre ?

Annabelle : Je pense que c’est assez pour ce soir. Qu’est-ce que vous diriez si on mangeait des guimauves sur la braise.

Tous les jeunes sauf Nathan : Oui !

Nathan : J’aime pas les guimauves.

Catherine : Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimes ?

Nathan : Mon Gameboy.

Christophe : Si vous désirez des guimauves, il va falloir que j’aille décrocher le sac de nourriture qui est suspendu à une branche.

Catherine : Suspendre la nourriture, comment ça ?

Jean-Olivier : Si on laisse la nourriture dans les tentes, des bêtes sauvages comme des ours, des ratons laveurs ou des écureuils pourraient venir fouiller. Pour éviter cela, on suspend la nourriture au bout d’une corde.

Zacharie : Est-ce que je peux y aller avec toi Christophe ?

Christophe : Si tu veux.

Tristan : J’y vais moi aussi.

Christophe : Parfait, allons-y.

Christophe sort avec Zacharie et Tristan.

Delphine : Nous, on va aller chercher des bâtons pour piquer les guimauves. Est-ce que quelqu’un a une lampe de poche ?

Zoé : Moi, z’en ai une.

Zoé leur tend sa lampe.

Romane : On sait jamais. On pourrait tomber sur le Barzaloup. Ouhhhh !

Delphine et Romane rigolent.

Tania : À votre place, je ne me moquerais pas des forces du mal.

Delphine : Arrête, t’es pathétique.

Delphine et Romane quittent. Fin de scène de cette pièce de théâtre d’horreur.

 

Scène 2 de cette pièce de théâtre d’horreur : Les petites bibittes

Catherine : Aouch. Je me suis encore fait piquer.

Annabelle : Oui, mais pourquoi tu restes en camisole ?

Catherine : Parce que

Annabelle : Parce que quoi ?

Catherine un peu exaspérée : Parce que.

Jean-Oliver : Parce qu’elle préfère bien paraître au risque de se faire bouffer par les moustiques.

Nathan : Ah, les moustiques, ils sont vraiment fatigants. J’en peux plus.

Annabelle : Dis-toi que les petites bibittes ne mangent pas les grosses.

Tania : Elles nous dégustent plutôt par petits morceaux.

Nathan : J’ai hâte de retourner chez nous.

Zoé : Déza, on vient zuste de commencer.

Jean-Olivier : Pourquoi t’es venu au camp si t’aimes pas ça ?

Nathan : Parce que mes parents m’ont demandé si ça m’intéresserait d’essayer un séjour en pleine nature. J’ai dit oui, mais je pensais jamais que ça serait aussi difficile.

Annabelle : Tu vas t’habituer. Tu manques seulement d’entraînement.

Nathan : Dire que j’aurais pu choisir un camp d’hockey à place.

Jean-Olivier : Moi aussi je trouve ça difficile, mais je sais que c’est bon pour ma santé. En ville, j’ai des problèmes avec mon asthme. Ici, je respire du bon air.

Catherine : Moi, ma mère m’a répété je sais pas combien de fois « T’es trop gâté. On va t’envoyer dans un camp pour que t’apprennes à avoir de la misère dans la vie ».

Annabelle : Pour quelqu’un qui a de la misère, t’as pas trop l’air malheureuse.

Catherine : J’haïs pas ça, mais c’est juste que je suis enfant unique et vivre collée sur les autres, je trouve ça difficile. En plus, je m’ennuie des bons bains chauds, de mes huiles et de mes crèmes.

Annabelle : Oui, mais se baigner dans l’eau pure d’une rivière, c’est tellement rafraîchissant. La vie en plein air, j’en n’ai jamais assez. J’ai toujours hâte aux vacances pour me retrouver dans le bois pour faire de la marche, du canot, voir des animaux.

Catherine : Des animaux, on en a déjà plein à la maison. Nous avons une tortue, des gerbilles, un iguane et un chien.

Zoé : Sé nous, on a un sien, mais il arrête pas de zapper.

Macha : Mon père aussi quand il regarde la télé, il arrête pas de « zapper ».

Elle fait le geste de manipuler une télécommande.

Annabelle : Macha, s’il te plaît, un peu de respect. J’apprécierais un p’tit effort.

Macha : C’est pas de ma faute, si elle parle comme les zzzzzzzzabeilles.

Annabelle qui monte un peu le ton : Et moi, je te demande d’arrêter de toujours piquer les autres.

Macha : C’est beau, pogne pas les mouches.

Annabelle : Sois polie.

Zoé à Macha : T’es vraiment pas zentille.

Nathan : Mais pourquoi, on ne peut pas apporter nos jeux électroniques et nos baladeurs ?

Annabelle : On vous débranche pour être certain que vous puissiez profiter pleinement du camp.

Nathan : Je venais juste de recevoir en cadeau le nouveau jeu d’hockey NHL.

Catherine : Quand je vais revenir chez moi, les palmarès de musique vont avoir complètement changés.

Zoé : Moi, z’aime beaucoup les santeurs.

Annabelle : Oui, les bonnes senteurs de la forêt.

Zoé : Non, les santeurs qui santent des sansons.

Annabelle : Ah bon.

Macha rigole. Christophe revient avec Tristan et Zacharie. Fin de scène de cette pièce de théâtre d’horreur.

 

Scène 3 : Le mauvais oeil

Tristan : Regardez ce qu’on a trouvé.

Catherine : Qu’est-ce que c’est ?

Zacharie : On dirait des épines de porc-épic.

Serge qui prend une des épines : Elles sont vraiment plus longues que la normale.

Tristan : On a les trouvées par terre en dessous du sac de nourriture.

Christophe : Un gros porc-épic a dû être attiré par l’odeur de la bouffe. Par chance, le sac est suspendu très haut.

Jean-Olivier : Pourtant, les porcs-épics se nourrissent seulement d’herbes et de branches. Notre nourriture ne les intéresse pas.

Tania : Oubliez les porcs-épics, c’était une autre créature. La malédiction commence à prendre forme Christophe. Le mauvais il se tourne vers nous.

Zoé : Ça me fait peur, le mauvais zoeil. Ze vais encore faire des caussemars.

Annabelle : Tania disait ça pour rire. Et ces guimauves, est-ce qu’on les mange ?

Christophe : Certain, vous avez des bâtons pour les faire cuire ?

Annabelle : Delphine et Romane devaient aller en chercher, mais elles ne sont pas revenues.

Christophe un peu inquiet : Ah oui, pourtant Delphine, Romane !

Silence. Petit temps.

Christophe : Delphine, Romane !

Romane après un certain temps : Oui, on est là.

Elles rigolent un peu.

Delphine : On arrive. Excusez-nous, on s’est un peu perdue. La lampe de Zoé s’est éteinte subitement et on ne trouvait plus notre chemin. Et voilà qu’elle fonctionne maintenant. C’est bizarre.

Tania : Un avertissement du mauvais il.

Romane met la lampe dans la figure de Tania : Tiens, le mauvais il. Il t’avertit de le laisser dormir tranquille.

Delphine : Voilà pour les bâtons.

Elles distribuent les bâtons et les jeunes mettent des guimauves aux extrémités. 

Romane : Merci pour la lampe, Zoé.

Zoé : Mon nom n’est pas Zoé, mais Zoé.

Delphine : Pourquoi tu répètes toujours ça ? Ça pas rapport.

Macha : Moi, mon nom n’est pas Macha, mais Macha.

Annabelle : Macha !

Annabelle fait les gros yeux à Macha qui lui répond par un sourire.

Zacharie : T’as pensé à apporter des guimauves. T’es mon meilleur moniteur Christophe.

Jean-Olivier : Les guimauves sont essentiellement composées de glucose, sucrose et fructose, mais grillées sur le feu, c’est vraiment très bon.

Zoé : Z’ai pas de bâton.

Tristan : Moi non plus, viens avec moi, on va aller s’en chercher.

Zoé et Tristan quittent.

Zacharie : Est-ce que je peux m’occuper du feu ce soir ?

Christophe de façon nonchalante : Oui.

Zacharie prend une bûche, mais Macha lui enlève.

Macha : Non, c’est moi qui va s’en occuper.

Zacharie : Non, c’est moi. Christophe, dis-lui que c’est moi.

Annabelle : Macha, Zacharie l’a demandé avant toi.

Macha : Ah, c’est injuste.

Annabelle : Demain, ça sera ton tour.

En voix off, on entend un petit cri de Zoé. Elle revient avec ses lunettes dans les mains. Tristan la suit.

Zoé : Christophe, zé brisé mes lunettes.

Elle tend les lunettes à Christophe qui les prend.

Christophe : Comment t’as fait ça ?

Zoé : Z’ai entendu bouzé et z’ai eu peur que se soit le Barzaloup.

Tristan : C’était un petit mulot.

Zoé : Z’ai fait un saut, z’ai éssapé mes lunettes et z’ai marsé dessus.

Christophe : Est-ce que tu en as une autre paire ?

Zoé : Sé nous en ville.

Christophe en lui redonnant les lunettes : Génial, est-ce que tu penses pouvoir te débrouiller quand même ?

Zoé : Ze vais essayer.

Macha : Ce n’est pas le mauvais il que tu vas avoir, mais plutôt les deux yeux mauvais.

Zoé : Sé toi qui a le mauvais il. T’es messante, messante comme un diable.

Annabelle : Bon, ça suffit. Il va falloir penser à se préparer pour la nuit.

Zacharie : Ah non, pas déjà.

Annabelle : Une autre grosse journée nous attend demain. Il faut reprendre des forces.

Christophe : On va vous éclairer pour que vous puissiez étendre vos sacs de couchage.

Catherine : Où est-ce qu’on le prend notre sac de couchage ?

Tristan : Ben, dans tes bagages.

Catherine : J’en ai pas amené.

Christophe : T’as pas de sac de couchage ?

Catherine : Je pensais que c’était fourni.

Annabelle : Là c’est vrai que tu vas avoir de la misère dans la vie.

Christophe qui se gratte la tête : Génial.

Delphine : J’ai une idée. Romane et moi, on voulait zipper nos sacs ensemble. On pourrait dormir à trois dans nos deux sacs de couchage. On va être à l’étroit, mais on gèlera pas.

Christophe : C’est une solution.

Annabelle : Qu’est-ce que tu en dis ?

Catherine qui n’est pas trop certaine : Je crois que je n’ai pas le choix.

Romane à Catherine : On va pouvoir jaser toute la nuit.

Christophe : Allez, tout le monde, on se dépêche, on va s’installer.

Les jeunes partent avec Christophe et Serge.

Annabelle : Zoé, attends un peu. Je voudrais te parler.

Zoé : Mon nom, c’est pas Zoé, c’est Zoé.

Annabelle : Hein, je comprends pas.

Zoé : Ze sais, personne ne comprend.

Annabelle : Est-ce que tu as vu un spécialiste pour tes problèmes de diction ?

Zoé : Z’ai essayé avec une madame à l’école, on a fait des exercices de prononciation, mais ça marche pas. C’est peut-être un problème dans ma tête.

Annabelle : Je vois. Il va peut-être se produire un déclic à un moment donné et tu vas être guérie.

Zoé : Ze l’espère.

Annabelle : Moi aussi. Prends ma main. Je vais te guider jusqu’à la tente.

Zoé : Le soir, ze vois encore moins bien.

Elles quittent. Fin de scène de cette pièce de théâtre d’horreur.

 

Scène 4 de cette pièce de théâtre d’horreur : La combine de Christophe

Christophe revient. Serge va le rejoindre

Serge : Christophe ! J’ai quelque chose à te dire.

Christophe : Vas-y.

Serge : Ben, j’ai amené mon Gameboy.

Christophe qui se met à rire : Génial, on est supposé donner l’exemple.

Serge : Je sais, mais je ne suis pas capable de m’en passer.

Christophe : Bon, ok. Mais arrange-toi pour que les jeunes ne s’en aperçoivent pas.

Serge : Je joue seulement dans la tente, le soir avant de m’endormir et je mets mes écouteurs.

Christophe : Parfait, je dis pas un mot, mais en retour, tu me rends un service.

Serge : Un service ?

Christophe : Oui, tout à l’heure, quand les jeunes vont être endormis, je vais m’arranger pour rester seul avec Annabelle. Ça serait tripant si tu te promenais autour du camp pour faire du bruit, craquer des branches. L’idée, c’est de la rendre nerveuse un peu pour qu’elle se colle sur moi, tu comprends ?

Serge : Je sais pas trop…

Christophe : Un service en attire un autre, me semble que c’est clair.

Serge : Bon, ok d’abord. Mais juste dix minutes.

Christophe : Génial. Ça devrait être suffisant.

Serge : Mais avant, je dois retourner voir Jean-Olivier pour lui donner ses médicaments.

Serge quitte.

Christophe en se frottant les mains : Génial, génial.

Annabelle revient dans son dos pour le surprendre.

Annabelle : Bouh !

Christophe qui sursaute : Ah, c’est toi.

Annabelle : Qui pensais-tu que c’était ? Le Barzaloup ?

Christophe : Sûrement pas.

Annabelle : En tout cas, ton histoire a eu de l’effet sur les filles, les plus jeunes surtout.

Christophe : J’ai fait attention quand même, c’était pas sanglant et ma légende finissait bien.

Annabelle : Je sais. Pourtant, la consigne de M. Raymond était claire ; on ne doit conter aucune histoire épeurante aux enfants.

Christophe : Oui, mais je comprends pas pourquoi M. Raymond ne veut pas qu’on raconte de légendes. Il est peu trop sévère à mon goût.

Annabelle : Il doit composer avec les plaintes des parents. C’est pas toujours évident.

Christophe : Remarque que s’occuper des jeunes du matin au soir, c’est pas évident non plus.

Annabelle : Surtout quand on a une petite Macha dans son groupe.

Christophe : Elle est vraiment fatigante cette enfant-là. Toujours en train de picosser les autres.

Annabelle : D’après moi, ça cache un problème plus sérieux. Je fais finir par savoir ce qui la rend si chicanière.

Christophe : T’es pas mal patiente avec les jeunes. T’as le tour. Est-ce que tu étudies en technique d’éducation spécialisée ?

Annabelle : Non, tu ne devineras jamais quel métier j’ai choisi.

Christophe : Je sais pas, astronaute ?

Annabelle : Thanatologue.

Christophe : Tu veux dire embaumeur.

Annabelle : Si tu veux.

Christophe : Ah bon. Les cadavres, ça ne te fais pas trop peur ?

Annabelle : Pas vraiment. La mort, c’est quelque chose de naturel.

Christophe : Moi, je ne serais pas capable.

Annabelle : C’est quand même bizarre ; les gens voient plein de violence dans les médias, mais quand la mort frappe dans leur entourage, ils sont complètement désarmés.

Christophe un peu mal à l’aise : Je sais pas quoi te répondre. À part mes deux grands-pères, personne n’est décédé dans ma famille.

Une branche craque.

Christophe : As-tu entendu ? Je me demande bien ce qui peut roder autour du campement.

Annabelle : Ça doit être une branche morte qui est tombée.

Christophe : Si tu veux venir près de moi, je vais te protéger.

Annabelle : Contre les branches qui tombent ?

Christophe : Non, mais on sait jamais quelle bête peut surgir.

Annabelle : C’est vrai, on pourrait se faire attaquer par une sauterelle enragée ou un crapaud en furie.

Christophe : Tu ris, mais j’ai déjà vu une couleuvre presque aussi longue qu’un serpent et j’ai déjà mis le pied dans un nid de grosses araignées poilues qui montaient sur moi

Annabelle : J’ai pas peur des bibittes. Mes deux frères collectionnaient des insectes et mon parrain empaille des animaux.

Christophe : C’est de lui que tu tiens ta vocation ?

« Crack », un autre bruit de branche. Christophe se lève, place une main sur l’épaule d’Annabelle en signe de protection.

Christophe : As-tu entendu ? Ça prenait vraiment un pied pesant pour écraser cette branche-là.

Annabelle en se détachant tranquillement de l’emprise de Christophe : Sûrement un jeune qui marchait vers sa tente.

Christophe : Ils sont tous couchés, même Serge.

Annabelle : Sinon un raton laveur attiré par l’odeur de la bouffe. Est-ce que tu as suspendu la nourriture assez haute pour qu’elle soit impossible à atteindre ?

Christophe : Bien sûr.

Annabelle : Parfait. Je vais aussi aller voir si les canots sont bien attachés. On aurait l’air intelligent si on en perdait un. Surtout qu’il n’y a pas de route. On pourrait pas revenir à pied.

Christophe : Je vais t’accompagner.

Annabelle : Merci. Après une journée aussi exténuante, j’ai envie d’un peu de solitude. Je vais m’asseoir sur le bord de la rivière. Le bruit de l’eau qui coule me relaxe.

Christophe : Je pourrais éclairer le sentier avec ma lampe.

Annabelle : C’est gentil, mais la Lune se lève et je crois qu’elle est pleine. On y voit mieux sans lumière artificielle. À tout à l’heure.

Elle quitte. Christophe la regarde partir.

Christophe : Bon, ben

Un autre « crack ». Christophe se lève et va vers le bruit.

Christophe : Serge, tu peux revenir. Ça ne donne rien. Je dois être trop vivant pour elle.

Petit silence suivi d’un autre « crack ».

Christophe : Serge, laisse faire.

Autre silence.

Christophe : Ben, continue si ça t’amuse. Moi, j’ai faim. Je vais aller me chercher quelque chose à grignoter.

Christophe se retourne et se retrouve face à Serge qui est arrivé dans la direction opposée. Christophe sursaute en le voyant.

Christophe : Qu’est-ce que tu fais là ?

Serge : Rien.

Christophe : Je pensais que t’étais dans le bois en train de faire craquer des branches.

Serge : J’ai pas pu. Jean-Olivier ne se sentait pas bien. J’ai peur qu’il nous pète une crise d’asthme.

Christophe : Ah bon, mais si tu n’étais pas dans le bois, qui est-ce qui faisait craquer les branches ?

Serge : Je sais pas.

Christophe : Bizarre.

Serge : Peut-être un raton laveur. T’as bien suspendu la nourriture ?

Christophe : Oui, oui. Justement, j’allais me chercher des biscuits et des gâteaux. Est-ce que t’en veux ?

Serge : T’es pas correct, c’est pour les jeunes ces desserts-là.

Christophe : Il y a rien là. Je vais leur dire que le Barzaloup nous les a volés.

Serge : Tu penses qu’ils vont te croire ?

Christophe : Si tu m’aides, ça va être plus facile.

Serge : Ouais. Je pense que tu fais passer ton plaisir avant celui des jeunes. D’ailleurs, tu sais que M. Raymond ne veut pas qu’on conte des légendes

Christophe : Monsieur Raymond a beau être le responsable du camp, mais ici, c’est moi qui mène.

Serge : Si jamais, il l’apprend

Christophe : À l’heure qui l’est, M. Raymond dort dans son petit chalet douillet climatisé. S’il l’apprend, c’est que quelqu’un lui a dit, on se comprend.

Serge : Ouais.

Petit temps.

Serge : C’est vrai. J’ai trouvé ton cellulaire sur la plage juste à côté des canots. T’as dû l’échapper en débarquant.

Christophe en fouillant sur lui-même : Je m’en étais pas aperçu. Une chance que tu l’as retrouvé. C’est notre seul lien avec le camp.

Serge : Tu m’excuseras, je l’ai utilisé pour faire un appel personnel.

Christophe : Génial.

Serge : C’était urgent.

Annabelle revient un peu essoufflée.

Annabelle : Ah, vous êtes là.

Christophe : Déjà de retour ?

Annabelle : Je le sais pas si c’est mon imagination qui me joue des tours, mais j’ai eu l’impression d’être observé, de sentir une présence.

Christophe : C’était le mauvais il qui te regardait.

Annabelle : Arrête, Tania est en train d’empoisonner l’atmosphère du camp avec ses histoires de grand-mère.

Christophe : Le pire, c’est qu’elle a l’air tellement convaincue.

On entend un dernier « crack ». Christophe, Serge et Annabelle se regardent, interrogés.

Annabelle : Encore. Ça commence à m’énerver toutes ces branches qui craquent.

Serge : Le mauvais il est mieux de se tenir tranquille, sinon il va l’avoir au beurre noir. Moi je retourne à la tente pour jouer à mes jeux.

Annabelle : J’y vais avec toi.

Annabelle part au bras de Serge.

Christophe : Aie, mais, j’aurais pu t’accompagner moi.

Il hausse les épaules et quitte.

Pour obtenir la fin de l’histoire, fermez cette fenêtre et cliquez sur achetez ce texte de pièce de théâtre d’horreur

 

Tableau des répliques par personnage et par scène de cette pièce de théâtre d’horreur

Je travaille pour une école du Québec

Les écoles publiques et privées qui relèvent du ministère de l’Éducation du Québec peuvent obtenir les textes de théâtre sans frais grâce à un programme de droits de reprographie géré par Copibec.

Il faut une adresse courriel officielle d’un centre de service scolaire ou d’une école privée pour profiter de ce programme. Les élèves ne peuvent demander directement un texte.

Le nombre de pièces auxquelles vous avez droit annuellement peut être limité.

Chaque demande est analysée et vérifiée. Nous tentons de répondre dans un délai de deux jours ouvrables.

Je veux comprendre le droit d’auteur

Il faut d’abord savoir que le droit d’auteur est multiple.

Le droit de reprographie

Lorsque vous distribuez un texte à des comédiens et comédiennes, que ce soit de façon imprimée ou électronique, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur et payer des droits. En achetant un texte sur notre site Animagination, vous obtenez automatiquement l’autorisation et les droits, mais pour un projet unique. Le projet doit se réaliser dans un contexte amateur ou scolaire. Pour le domaine professionnel, il faut plutôt s’entendre avec l’auteur.

Notez que la procédure est différente pour les écoles du Québec. Consulter la section Je travaille pour une école du Québec.

Le droit de représentation

Que la ou les représentations soient gratuites ou qu’il y ait des droits d’entrée, vous devez vous procurer des droits de représentation pour respecter le droit d’auteur. Il n’existe que deux types d’exception : dans un milieu éducatif où l’audience est composée uniquement d’élèves (aucun parent) et à l’intérieur d’une cellule familiale où aucun étranger n’est invité.

Sur le site Animagination, vous pouvez vous procurer les droits de représentation lors de l’achat du texte ou revenir plus tard lorsque la ou les dates de représentation sont déterminées. Il est fortement conseillé de vous procurer ces droits avant les représentations.

Rappelez-vous que les droits d’auteur sont les seuls revenus de l’écrivain. C’est ce qui lui permet de continuer à écrire de belles histoires pour les jeunes.

Le droit moral

L’auteur a droit au respect de son œuvre. Elle ne peut être modifiée ou adaptée sans son consentement. Cependant, pour les textes du site Animagination vous n’avez pas besoin d’autorisation pour les modifications suivantes : changement d’un nom de lieu, transformation du genre d’un personnage, changement d’une expression qui n’est pas commune à l’endroit où la pièce est présentée. Aussitôt que vous transformez complètement une réplique, vous devez communiquer avec l’auteur.

Pour plus de détails, consultez notre Foire aux questions au bas de chaque page de la section Textes de théâtre.

Ce texte est fortement inspiré d’un feuillet d’information de la Société québécoise des auteurs et autrices dramatiques (SoQAD).