Une autre pièce de théâtre

De Luc Boulanger

Résumé

En attendant leur professeur de théâtre en retard, des jeunes s’intéressent au livre « L’Encyclopédie illustrée de l’histoire du théâtre »et décident de créer leur propre pièce. À travers des moments de joie et de conflits, ces jeunes artistes novices s’immergent dans divers styles et mouvements théâtraux.

Cette pièce présente plusieurs particularités intéressantes. Tout d’abord, les quatorze personnages restent présents de bout en bout, offrant une expérience immersive et un regard continu sur leur évolution. Pour faciliter l’apprentissage, des passages se concentrent sur certains protagonistes. La pièce s’enrichit également de plusieurs sketchs thématiques, explorant le théâtre grec, la commedia dell’arte, des passages inspirés de Molière, du théâtre expérimental, du répertoire québécois, et même de l’improvisation. Enfin, le décor minimaliste se compose simplement de quelques chaises et d’un coffre regorgeant de costumes, de chapeaux et d’accessoires.

Fiche technique

  • Style/Thème : Pièce éducative pour expérimenter différents styles de théâtre
  • Lieu : Un local de pratique de théâtre
  • Nombre de comédiens : 15
  • Durée : 60 minutes (54 pages)
  • Âge : 8 à 13 ans
  • Niveau : Intermédiaire, Avancé

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Informations générales

Théâtre Animagination

Extrait de la pièce

Une autre pièce de théâtre

Texte de théâtre en ligne par Luc Boulanger

Les personnages

Amélie Savard-Brunelle : Prétentieuse qui a déjà fait des contrats professionnels
Annabelle : P’tite mémère qui a un téléphone cellulaire.
Myriam : Tripeuse de théâtre. Elle ne quitte jamais son encyclopédie.
Justine : Chouchou du prof. Un peu bollée, genre p’tit débrouillard.
Kim : Souvent de mauvaise humeur, sa mère la force à venir au théâtre
Jérémie : Grande gueule. Il aime le théâtre et Amélie Savard-Brunelle.
Olivier : Rêve de faire une comédie musicale.
Alicia : Petite rockeuse qui cache une grande comédienne.
Audrey-Anne : La petite soeur d’Alicia.
Xavier : Un gars nonchalant et un peu fou qui tripe sur les films de monstres.
Béatrice : Tripe sur l’impro.
Érika : Amie de Amélie Tanguay. Elle est en chicane avec Annabelle.
Amélie Tanguay
Maude
Gaston : Le concierge

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Scène 1 : Intro et générique

Ce texte de théâtre en ligne débute sur une musique douce. Gaston, le concierge, passe la vadrouille. Ça cogne à la porte. Gaston va pour ouvrir. Ça cogne encore de plus belle.

Gaston : Les nerfs, les nerfs, j’arrive !

Gaston prend ses clés et débarre la porte. Jérémie entre, suivi de Myriam, Justine, Olivier, Béatrice, Érika et Amélie Tanguay.

Jérémie : Enfin ! Y’était temps ! (En voyant Gaston) Vous êtes qui vous ?

Jérémie vient pour entrer.

Gaston : Votre concierge, Gaston. Celui qui vous ramasse ! Est-ce que vos souliers sont propres ?

Myriam : Ben oui !

Gaston : Je veux être certain. Je viens de finir de passer la moppe pis quand vous allez jouer dans les champs vos souliers sont crottés.

Amélie Tanguay : On ne revient pas des champs.

Gaston : Je ne prends pas de chance, allez vous secouer les pieds !

Les jeunes retournent se secouer les pieds.

Gaston : Vous le direz aux autres.

Les jeunes reviennent et se dirigent vers la scène. Myriam s’assoit un peu en retrait des autres. Elle sort un gros livre de son sac et commence à le lire. Elle va le lire tout le reste de la scène et une partie de la prochaine.

Jérémie : Je suppose que Luc n’est pas arrivé.

Gaston : Y a appelé pour dire qu’il va être en retard.

Érika : Y’est jamais à l’heure. Notre atelier commence à 10h30 pis lui, y arrive toujours à 10h32. Je perds deux minutes de mon atelier à chaque semaine.

Justine : Tu perds rien pantoute. On finit toujours dix minutes plus tard.

Gaston : Y a dit de vous asseoir et de l’attendre. Je pense qu’il n’a pas fini d’écrire votre pièce de théâtre. Y manquait d’idées.

Justine : Luc ne manque jamais d’idées, voyons !

Béatrice : Moi, ça ne me surprend pas. Je l’ai rencontré dans la rue cette semaine. Y avait l’air fatigué. Y m’a dit qu’il n’arrivait pas à trouver un sujet pour notre pièce.

Jérémie : Moi, j’ai reçu un courriel bizarre de sa part plein de questions existentielles dans le genre  » Est-il possible de créer quelque chose de nouveau alors que tant de pièces ont été écrites, tant de choses dites ? Dans cette cacophonie, peut-être vaudrait-il mieux que je me taise « .

Gaston : Y a juste les artistes pour se poser des questions de même. Qu’il l’écrive sa pièce, c’est tout !

Érika : Toi, Gaston, quelles sortes de questions que te poses-tu? Tu dois être le genre à te demander si ta bagnole va partir demain matin.

Gaston : Moi, je suis un gars pratique.

Justine : Luc a raison de se questionner. Y a tellement de gens qui écrivent des histoires totalement vides et pas intéressantes du tout. Luc veut créer du nouveau, ce n’est pas facile ça.

Jérémie : Du nouveau, du nouveau ! C’est n’importe quoi. Moi, je veux faire du théâtre. On a rien qu’à jouer une pièce déjà écrite, du Molière, du Shakeaspeare !

Olivier : Eurk ! Pas du Molière.

Béatrice : Luc a dit qu’il était un créateur, pas un imitateur.

Amélie Tanguay : J’aime ses pièces, ça nous ressemble et en même temps, ça ressemble à rien d’autres. Je ne vois pas pourquoi il capote.

Gaston : Qu’est-ce que tu veux ? Des artistes, il faut que ça capote. C’est dans eux autres. Je le sais. Ça fait quinze ans que je fais le ménage ici. Je peux vous dire que j’en ai vu de toutes les couleurs. Y ont tous leurs p’tites manies. Pour certains, ça leur prend leur p’tit verre de Scotch avant d’entrer en scène. Y en a d’autres qui doivent faire une heure de yoga avant leur spectacle.

Olivier : Du yoga ?

Gaston : C’est pour la concentration.

Amélie Tanguay : Ah oui ! Luc nous dit toujours : Soyez concentré avant d’entrer en scène.

Gaston : Justement, je vais vous demander de rester concentré sur vos bancs et d’attendre Luc bien sagement. Je dois finir mon ménage.

Jérémie : On est toujours sage !

Gaston : Sauf quand vous êtes tannants ! Pis n’oubliez pas de dire aux autres de se secouer les pieds.

Tous les jeunes ensemble : Oui Gaston !

Gaston quitte la scène en passant la vadrouille.

 

Scène 2 de ce texte de théâtre en ligne: Les autres arrivent

Kim arrive du côté de la porte. Elle regarde les autres.

Kim : J’imagine qu’il n’est pas encore arrivé ?

Olivier : On ne peut rien te cacher.

Kim : Je vais demander à ma mère de faire une plainte.

Justine : Aie ! Ne fais pas ça. Luc, c’est le meilleur prof de théâtre.

Amélie Tanguay : On ne le sait pas. On n’en a jamais eu d’autres.

Jérémie à Justine : Tu prends toujours sa défense. En tant que chouchou, t’as ben raison.

Justine : Chouchou, moi ?

Jérémie : Oui ! Chouchou !

Érika : C’est vrai que t’as souvent les meilleurs rôles, Justine.

Justine : J’apprends mes textes, moi. On ne peut pas dire ça de tout le monde.

Justine porte un regard accusateur à Jérémie.

Jérémie : Les textes, c’est accessoire. Au théâtre, c’est l’énergie qui compte. Moi, j’ai de la présence. Je ne récite pas mes textes toujours sur le même ton.

C’est maintenant Jérémie qui porte un regard accusateur à Justine. Celle-ci est un peu froissée.

Justine : Tu sauras que j’ai gagné le concours d’art oratoire de l’école. On ne gagne pas ça en parlant toujours sur le même ton.

Jérémie : Ça ne compte pas, Luc était un des trois juges.

Justine : Ah ! En tout cas ! J’espère que je n’aurai pas de scène avec toi. Je déteste ça pratiquer avec quelqu’un qui ne connaît pas son texte.

Béatrice : Là-dessus, on est obligé de lui donner raison.

Alicia et Audrey-Anne entrent à leur tour.

Alicia : Excusez-moi, est-ce que c’est bien ici pour les cours de théâtre ?

Olivier : Est-ce que vous vous êtes secoués les pieds avant d’entrer ?

Alicia : Euh non !

Olivier : Ben allez-y sinon le concierge ne sera pas content.

Alicia est un peu frustrée par cet accueil, mais elle retourne quand même se secouer les pieds. Elle amène sa sur par la main. Les autres en profitent pour parler dans son dos.

Kim : Une bum qui vient au théâtre !

Béatrice : C’est qui elle ?

Amélie Tanguay : C’est Alicia Tremblay-Levasseur. Elle est dans ma classe. Pis l’autre, c’est sa p’tite soeur. Vous êtes mieux de vous tenir tranquille, parce qu’elles ne se laissent pas marcher sur les pieds. La p’tite est pire que la grande.

Érika : Ah non ! Des baveuses au théâtre. C’est plate !

Justine : Ben quoi ! Le théâtre, c’est pour tout le monde. Elles ont le droit de s’exprimer aussi.

Jérémie : Bof ! Je suis certain qu’elles ne termineront même pas la session.

Alicia et Audrey-Anne reviennent.

Alicia d’une manière un peu sèche : On voudrait s’asseoir !

Spontanément Amélie Tanguay et Érika cèdent leur place. Alicia et Audrey Anne s’assoient. Pendant ce temps, Olivier fouille dans le gros coffre. Il en sort une perruque qu’il se met sur la tête.

Olivier : Salut gang !

Il se promène devant tout le monde en faisant le comique.

Justine : Olivier ! Remets ça à sa place ! Luc ne veut pas qu’on fouille dans le coffre sans son autorisation.

Jérémie qui nargue Justine : Luc ne veut pas qu’on fouille dans le coffre. Laisse-le donc faire ! Y nous fait rire ! Y fait son Olivier Guimont. S’ils ne veulent pas que personne touche au coffre, pourquoi y ne mettent pas un cadenas dessus ?

Olivier en remet. Béatrice va à son tour piger dans le coffre pour en sortir une vieille robe. Elle est bientôt suivie par Érika et tous les autres, sauf Justine bien entendu et Myriam qui se demande ce qui se passe. Tout le monde se promène sur la scène avec un morceau de costume. Amélie Savard-Brunelle, Maude et Annabelle arrivent à ce moment précis.

Amélie Savard : Aie ! Qu’est-ce que vous faites ?

Olivier : Ben, Luc n’est pas arrivé. Fa qu’on s’amuse en attendant.

Annabelle et Maude : Cool !

Amélie Savard-Brunelle, Maude et Annabelle viennent pour aller au coffre, mais Gaston surgit des coulisses.

Gaston : Qu’est-ce qui se passe ici ?

Érika : On ne fait rien de mal. On joue avec les costumes.

Gaston : Je vous ai demandé de rester assis tranquille. Remettez les costumes dans le coffre tout de suite.

Jérémie : C’est beau.

Justine : Je vous l’avais dit hein !

Les jeunes remettent les costumes et accessoires dans le coffre.

Gaston : Est-ce que tout le monde s’est secoué les pieds avant d’entrer ?

Annabelle : Non !

Gaston : Ben, allez-y tout de suite.

Amélie Savard-Brunelle, Maude, Annabelle ainsi que Kim sortent pour aller se secouer les pieds.

Kim à Gaston : Ils ne me l’ont pas dit !

Jérémie : On l’a oublié !

Alicia : Vous ne l’avez pas oublié pour nous autres par exemple.

Gaston : Là, tâchez de rester calme et de vous trouver des activités intelligentes.

Amélie Tanguay : Des activités intelligentes ?

Gaston : Oui, je dois finir mon ménage au plus vite. Y a des gens importants qui viennent ici cet après-midi.

Alicia : Est-ce que les gens importants secouent leurs pieds avant d’entrer ?

Gaston pour éviter de répondre : Bon, je vais aller finir mon ouvrage.

Il sort de scène. Les quatre filles parties se secouer les pieds reviennent.

Amélie Tanguay : Il faut maintenant se trouver une activité intelligente.

Oliver : Je le sais. On joue à la claque virtuelle.

Annabelle, Kim, Jérémie, Érica et les deux Amélie : Ah non !

Audrey-Anne : C’est quoi ça la claque virtuelle ?

Jérémie : C’est le jeu préféré de Luc.

Béatrice : Ça l’air niaiseux, mais c’est un très bon réchauffement. C’est un peu comme si on se passait un ballon imaginaire. Une première personne a le ballon. Pour le lancer, elle tape dans ses mains vers la personne qui reçoit. Celui ou celle qui reçoit doit taper dans ses mains pour montrer qu’elle l’a bien reçu. Et quand elle veut le lancer, elle retape dans ses mains vers une autre personne. L’important, c’est de bien se regarder dans les yeux.

Audrey-Anne : Je ne comprends pas trop.

Béatrice : On va te donner un exemple. J’ai le ballon. Je tape dans mes mains vers Olivier.

Olivier à Audrey-Anne : Je reçois le ballon et je te l’envoie.

Audrey-Anne reçoit le ballon.

Béatrice : Maintenant, tu l’envoies à quelqu’un d’autre. Ça doit se faire le plus rapidement possible. Il paraît que les improvisateurs professionnels font cet exercice avant d’entrer en scène.

Audrey-Anne envoie le ballon à sa sur Alicia qui le renvoie à Béatrice, puis à Jérémie, à Maude, à Amélie Savard-Brunelle, à Érika, à Amélie Tanguay. Tout d’un coup, Xavier entre et fait semblant d’intercepter le ballon. Il le capture en tapant dans ses deux mains.

Xavier : Et le joueur intercepte le ballon.

Tous les autres se retournent vers lui pour lui dire : Xavier, va secouer tes pieds.

Xavier : Pas besoin. J’y avais pensé. Je l’ai déjà fait.

Xavier regarde tout le monde quelques instants.

Xavier : Luc n’est pas là ?

Kim : Il est encore en retard.

Amélie Tanguay : C’est bien la première fois que t’arrive avant lui. 10h45, t’es en avance. Je me demande bien quelle raison tu vas nous donner cette fois.

Xavier : Je me suis encore couché tard parce que je voulais écouter un film de monstres qui passait à une heure du matin.

Érika : Xavier et les films de monstres, une histoire d’amour. C’était bon au moins ?

Xavier : Incroyable ! C’était King Kong contre Jaws.

Amélie : Qui a gagné ?

Xavier : Aucun, l’armée les tue tous les deux à la fin. Dommage ! Quand je vais être plus grand, je vais faire un film où c’est les monstres qui gagnent et l’armée qui perd.

Kim : C’est bien d’avoir des buts dans la vie.

Fin de la scène de ce texte de théâtre en ligne.

 

Scène 3 de ce texte de théâtre en ligne: Le livre de théâtre

Xavier : Vous étiez en train de jouer à la claque virtuelle quand je suis entré. Maintenant, c’est moi qui ai le ballon. Attention ! Je vais le lancer.

Xavier lance le ballon à Justine, puis à Annabelle, puis à Jérémie qui essaie de le lancer à Myriam. Mais, celle-ci est plongée dans son livre.

Jérémie : Myriam, Myriam !

Myriam : Euh ! Quoi ! Qu’est-ce qui se passe ?

Jérémie : On joue à la claque virtuelle. Je veux te lancer le ballon.

Myriam : Ça ne m’intéresse pas. Jouez sans moi.

Annabelle : C’est quoi le livre que tu lis ?

Myriam : C’est un livre que j’ai emprunté à la bibliothèque. Ça s’appelle l’Encyclopédie illustrée de l’histoire du théâtre : de la préhistoire à nos jours.

Xavier : Avec un titre pareil, ça doit être complet.

Justine : Ça l’air très intéressant.

Myriam : Je ne peux pas le lâcher.

Jérémie : Ma photo doit être quelque part dans ce livre-là.

Myriam : Oui, je l’ai vue. Attends un p’tit peu.

Myriam cherche dans le livre.

Myriam : Voilà, j’ai trouvé. Tu es le premier sur la liste des plus mauvais acteurs de l’histoire du théâtre.

Les autres partent à rire.

Jérémie : Très drôle.

Myriam : C’est écrit entre parenthèse : célèbre pour son rôle du bossu de Notre-Dame parce qu’il n’avait pas besoin de costume ni de maquillage.

Les autres se remettent à rire.

Amélie Savard-Brunelle : La grande gueule à Jérémie se fait remettre à sa place.

Jérémie : Bon, bon, c’est correct.

Olivier : Y parles-tu des comédies musicales là-dedans ?

Myriam : Y parle de tout ce qui a rapport avec le théâtre.

Olivier : Parce que, moi, j’aimerais ça jouer dans une comédie musicale.

Béatrice : Je me suis toujours demandé quand est-ce que les gens ont commencé à faire du théâtre ?

Myriam : Dans le livre, y disent que le théâtre est né en même temps que l’humanité.

Alicia : Tu veux dire que les hommes préhistoriques faisaient du théâtre.

Myriam : Bien sûr, les premières représentations ont eu lieu autour du feu le soir alors que nos ancêtres mimaient des scènes de chasse.

Xavier : Ça veut dire que les premières pièces, c’était des histoires de monstres.

Kim : Tu dois être content.

Xavier : Attendez, je vais vous imiter le théâtre préhistorique.

Xavier va fouiller dans le gros coffre.

Justine : On ne peut pas fouiller dans le coffre. On s’est fait avertir.

Xavier : Laisse-moi donc faire !

Xavier revient en avant avec un chapeau de fourrure sur la tête et un petit bâton qui représente un couteau. Il lève le couteau dans les airs. Il prend un air solennel.

Xavier : Tuer ou ne pas tuer le mammouth, telle est la question. Ah ! Comme la neige a neigé ! Viens ma Délima, allons nous réfugier dans ma caverne chauffée à la bi-énergie. Je t’emmènerai ensuite faire un tour de ptérodactyle.

Les autres se mettent à rire.

Amélie Tanguay : T’es un peu fou Xavier.

Béatrice : Je dirais que c’est du théâtre PRESQUE historique.

Olivier : Madame fait de l’esprit.

Jérémie : Tu ferais mieux de remettre le matériel dans le coffre avant que Gaston te voie.

Xavier en se dirigeant vers le coffre : C’est sévère pour rien ici.

Myriam : C’est certain qu’on ne sait pas ce que les hommes préhistoriques faisaient autour du feu. On peut juste le supposer. La première histoire écrite remonte seulement à trois mille ans avant Jésus-Christ. C’est l’épopée de Gilgamesh (prononcer Guilgamèche).

Alicia : De qui ?

Myriam : Gilgamesh.

Amélie : J’avais compris Gilligan (prononcer Guiligane).

Myriam : Gilgamesh était une sorte de Hercule des premières civilisations. Sa légende s’est transmise de père en fils. Bien des gens l’ont contée, bien des gens l’ont probablement jouée.

Alicia : Je n’avais jamais réalisé que le théâtre existe depuis si longtemps.

Béatrice : On se pense bien important comme comédien, mais dans le fond, c’est les histoires qui restent. Ceux qui les jouent sont oubliés.

Myriam : C’est un peu comme une course à relais où l’on se passe le flambeau de génération en génération.

Béatrice : Qui peut nommer un acteur ou une actrice des années 1800 ? Personne. Mais, on a tous déjà entendu parler de Cyrano de Bergerac.

Jérémie : Certain, y reste juste à côté de chez-nous.

Béatrice : T’es un p’tit comique, toi.

Jérémie : Ça devenait pas mal trop profond à mon goût.

Olivier : C’est vrai que ça manque d’action un peu.

Alicia : Je trouve ça super intéressant. Je voudrais connaître la suite.

Justine, Annabelle, Amélie Tanguay : Moi-aussi.

Myriam : Le premier vrai théâtre, c’est le théâtre grec.

 

Scène 4 : Le téléphone d’Annabelle

Tout d’un coup, on entend un téléphone cellulaire. C’est celui d’Annabelle.

Annabelle : Oups ! Excusez-moi !

Annabelle sort son téléphone et répond. Les autres jeunes la regardent, surpris.

Annabelle : Oui allo ! Salut Roxanne. Ça va pas pire. Non, c’est pas vrai. Justin Nadeau s’est fait suspendre de l’école pour une semaine parce qu’il fumait dans les toilettes T’as raison, j’ai bien fait d’avertir la surveillante Y nous achalle tout le temps. Ça va y apprendre. Je suis bien contente.

Alicia qui l’interrompt : On ne t’a pas appris que c’était impoli de parler au téléphone devant les autres. Tes histoires ne nous intéressent pas. Va donc plus loin !

Annabelle à Roxanne : Attend-moi un p’tit peu. (À Alicia) T’es donc ben bête toi !

Érika : C’est vrai que c’est pas mal énervant.

Annabelle : Bon ! C’est correct !

Annabelle s’avance sur le bord de la scène. Elle continue à parler au téléphone, mais on ne l’entend plus. L’attention reste sur le groupe.

Alicia : Enfin ! On a la paix.

Érika : Je ne suis pas certaine. Au moins quand on l’entend, on sait qu’elle ne nous parle pas dans le dos.

Alicia : Je n’avais pas pensé à ça.

Audrey-Anne : Comment a-t-elle fait pour avoir un téléphone cellulaire ?

Maude : C’est un cadeau de son oncle qui travaille là-dedans.

Kim : Ses parents sont d’accords ?

Maude : Annabelle fait ce qu’elle veut avec ses parents. Annabelle fait ce qu’elle veut avec tout le monde.

Érika : Où est-ce qu’à prend l’argent pour se payer ça ?

Maude : Il faut dire qu’elle l’utilise juste le soir et la fin de semaine. Pis avec l’argent qu’elle gagne en gardant des enfants, elle peut se le permettre.

Amélie Tanguay : Je ne sais pas si je confierais mes enfants à une gardienne qui parle toujours au téléphone.

Jérémie : Comme quoi la technologie n’est pas toujours bénéfique !

Érika : Courez aux abris ! La commère du quartier a un téléphone cellulaire.

Les jeunes continuent à discuter entre eux, mais on ne les entend plus. L’attention revient vers Annabelle. Olivier sort de scène. Il s’en va regarder par la fenêtre pour voir si Luc arrive.

Annabelle : Il faut que je t’en conte une bonne. Devine qui s’est inscrit au théâtre ? Alicia Tremblay-Levasseur pis sa soeur. C’est rendu qu’on a des bums au théâtre. Elle a déjà commencé à me baver. Il faut que je trouve un moyen de m’en débarrasser Qui est-ce qui crie en arrière ? Quoi ? Je n’entends rien. Ton père veut que tu raccroches. (La ligne a été coupée). Allo Allo Roxanne ! Ben voyons, y s’énerve pour rien son père. On ne parle pas tant que ça.

Annabelle range son téléphone et retourne vers le groupe.

Xavier : Et puis Annabelle, peux-tu nous faire un résumé des dernières rumeurs ?

Annabelle : Pas grand chose de nouveau. Justin Nadeau s’est fait suspendre de l’école et y paraît que le prof d’éduc a pogné un ticket de vitesse.

Jérémie : C’est ça qui arrive quand on s’achète une grosse corvette rouge.

Amélie Savard-Brunelle : Voyons, qu’est-ce qu’il fait, Luc ? En arrivant en retard comme ça, il n’agit pas comme un professionnel.

Annabelle : Je peux l’appeler avec mon téléphone.

Kim : Est-ce que t’as son numéro ?

Jérémie : Justine doit le savoir par coeur. Elle l’appelle à toutes les semaines pour lui téter les meilleurs rôles.

Justine : Ah ! Ah !

Annabelle : Pas besoin, je l’ai programmé. J’ai juste à faire la composition automatique.

Annabelle se met en retrait pour appeler Luc. Olivier revient en vitesse.

Olivier : Je viens de voir Luc passer en auto.

Béatrice : T’es certain !

Olivier : Oui, je connais bien l’auto de Luc, c’est une Escort 93 verte rouillée.

Maude : Il est passé tout droit ?

Olivier : Ça ben l’air.

Amélie Tanguay : Est-ce qu’il était avec quelqu’un ?

Olivier : Avec une fille, une blonde.

Xavier : Ben non, sa blonde est brune.

Oliver : Je suis certain que c’était une blonde.

Amélie Tanguay : Ça veut dire que Luc trompe sa blonde.

Xavier : Luc trompe sa blonde brune avec une blonde.

Annabelle revient à ce moment.

Annabelle : Ça ne répond pas chez lui.

Kim : C’est certain. Olivier vient de le voir passer en auto avec une nouvelle blonde.

Xavier : Et on ne sait pas si la brune est au courant.

Annabelle : Wow ! Un nouveau potin. Je vais aller raconter ça à mes amis.

Érika : Pas trop vite. C’est pas sûr.

Annabelle ne l’entend pas. Elle continue à signaler. On la voit parler, mais on n’entend rien.

Érika : Tu parles d’une mémère. On n’est même pas certain.

Justine : Tu dois t’être trompé Olivier.

Olivier : Non, je suis certain.

Kim : Ça veut dire qu’on va niaiser encore longtemps.

Béatrice : J’ai une idée. On se fait une petite partie d’impro en attendant.

Jérémie et Érika disent « Oui! ». Les autres font « Bof! » ou « Non! ».

Béatrice : Tant qu’à rien faire.

Maude : On joue toujours à l’école !

Alicia : On pourrait peut-être regarder la suite du livre de Myriam.

Justine : Ça, c’est une bonne idée.

Xavier, Maude et Érika expriment également leur approbation. Annabelle revient dans le groupe à ce moment.

Alicia : On est à un cours de théâtre, parlons théâtre.

Xavier : Myriam ! Où en étions-nous?

Myriam : Au théâtre grec.

Scène 5 de ce texte de théâtre en ligne: Le théâtre grec

Alicia : Oui, Myriam, parle-nous du théâtre grec.

Myriam : Disons que c’était très différent du théâtre qu’on connaît.

Amélie Tanguay : Comment ça ?

Myriam : Tout d’abord, les comédiens portaient des masques et de grandes robes blanches.  En plus, tous les personnages étaient joués par des hommes.

Érika : Même les rôles de femme.

Myriam : Même les rôles de femme.

Amélie Savard : Mes parents sont allés plusieurs fois en Grèce et ils ont visité une ancienne agora.  C’était une salle de théâtre en plein air de forme ronde.  La scène et les bancs étaient tous fabriqués en pierre.

Justine : Le son devait être excellent.

Myriam : Le théâtre grec était vraiment bizarre.  J’ai lu quelques extraits.   Ce n’est pas simple.  Je ne comprends pas trop.  Il y a des personnages qu’on appelle le chœur.

Audrey-Anne : Le chœur ?

Jérémie : Coudonc, vous ne connaissez rien.   Le chœur, c’est un groupe de comédiens qui présente la pièce, qui fait le lien entre les scènes ou qui raconte certains passages pour aller plus vite.  On voit ça aussi dans le théâtre classique.

Myriam : En plus, plusieurs pièces ont été écrites en vers, comme des poèmes.

Alicia : Ça devait être superbe.  Du théâtre avec des répliques qui riment.

Oliver : Ça devait être endormant.

Érika : Ben, moi, j’aimerais ça l’essayer.  On pourrait monter une tragédie grecque.

Alicia : Oui, c’est une bonne idée.

Érika : On n’a pas besoin des adultes.  On met en scène notre propre pièce.  Il me semble qu’on a des tuniques et des masques dans le coffre.

Justine : On ne peut pas fouiller dans le coffre.  Le concierge nous surveille.

Alicia : Laisse faire le concierge, j’en fais mon affaire.

Alicia et Érika vont fouiller dans le coffre.  Audrey-Anne va les rejoindre.

Alicia à Audrey-Anne : Qu’est-ce que tu veux ?

Audrey-Anne : Je veux être avec toi ?

Alicia : Tu me déranges, on prépare une pièce.

Audrey-Anne : Je vais la préparer avec toi.

Alicia : Bon OK.  Mets cette tunique-là.

Alicia enfile la tunique à Audrey-Anne.  Pendant ce temps, Érika lance une tunique à Amélie Tanguay et une autre à Kim.

Kim : Je n’ai pas le goût de faire du théâtre grec.

Amélie Tanguay : Moi non plus.

Érika : Arrêtez de chigner, on a besoin de comédiens.  À partir de maintenant, le théâtre grec est joué par les femmes.

Alicia : Venez, on va se faire un caucus.

Alicia, Érika, Audrey-Anne, Kim et Amélie Tanguay restent en arrière pour leur caucus.  On ne les entend pas.

Béatrice : Plutôt surprenante la p’tite bum.  Elle aime le théâtre rimé.

Xavier : Peut-être que ce n’est pas une bum pour vrai, peut-être qu’elle joue le rôle d’une bum dans la vie de tous les jours.  Peut-être que c’est une grande comédienne.

Le téléphone d’Annabelle sonne.  Elle s’avance pour répondre.

Annabelle : Allo… Roxanne… Ben, oui, c’est vrai.  Notre prof de théâtre trompe sa femme.  C’est une certitude.  Olivier l’a vu passer en voiture.  Probablement qu’ils s’en allaient au motel.  Tu parles d’une histoire.  Notre prof nous laisse tomber pour une aventure amoureuse.  On aura tout vu.

Érika : On est prêtes.

Annabelle : Faut que je te laisse, on se fait des petits spectacles en attendant.

Annabelle se tasse et les cinq filles du caucus prennent le devant de la scène.  Bien sûr, elles font face au public. Les autres restent en arrière à regarder le spectacle.  Ils ne doivent pas bouger afin de ne pas déranger le déroulement du sketch.

Pour le sketch, Érika devient le roi Minos, Amélie Tanguay, la reine Pénélope, Alicia, le prince Hyppolite, Kim, la belle Hélène, bien-aimée du prince et Audrey-Anne, la servante Phèdre.  Les rôles peuvent être interchangés au besoin.  Tous les personnages ensemble forment le chœur.  Ils portent chacun un demi-masque et une toge blanche.  Le roi Minos a une petite épée en plastique à la ceinture.  Il faut aussi une petite table, un banc ou une chaise pour déposer des objets.

Le jeu des comédiens doit être très gros.  C’est une satire des tragédies grecques.  On peut également appuyer sur les rimes.

Le chœur :

Tu as de la chance, ô spectateur.

Devant toi va se dérouler.

Une tragédie d’une grande splendeur

Que tu ne pourras oublier.

 

L’histoire commence dans un château

Dans l’antique ville d’Athènes

Où règne Minos, un roi costaud

Sur le point d’affronter une grande peine.

Le chœur se dissout, le roi Minos reste seul.

Minos : Le soleil se couche sur mon empire, que j’ai mis tant d’années à bâtir.

Le prince Hyppolite surgit.

Hyppolite : Mon père, pardonnez-moi d’interrompre vos pensées, j’ai quelque chose d’important à vous demander.

Minos : Vas-y mon fils bien-aimé à qui je ne peux rien refuser.

Hyppolite : J’ai maintenant l’âge de me marier et j’ai trouvé chaussure à mon pied.

Minos : Quel est le nom de cette chaussure ?  Est-ce une bonne pointure ?

Hyppolite : On ne peut guère trouver mieux, c’est Hélène, la fille d’Égé le courageux.

Minos : Désolé, mon fils, je ne pourrais te plaire, Égé le courageux est un adversaire.  Depuis longtemps, il rêve de pouvoir et il ferait n’importe quoi pour l’avoir.  Et je vois dans cette ridicule liaison, une manœuvre subtile pour pénétrer en ma maison.

Hyppolite : Mais Hélène est une fille super, qui est en chicane avec son père.

Minos : Il en est hors de question.  Je n’ai pas de risque à prendre.  Il faudra que tu te fasses une raison.  Ne m’importune plus avec cette demande.

Minos quitte aussitôt la scène.

Hyppolite : Ô Minos, quel père cruel es-tu.  J’aurais ma revanche le temps venu.

Hélène arrive.

Hélène : Mon bel Hypplolite adoré, quelle réponse t’a-t-il donnée ?

Hyppolite : Comme nous l’avions prévu, il m’a exprimé un refus.  Est-ce que tu as trouvé le liquide que je t’avais demandé ?

Hélène sort un flacon contenant du jus de raisin.

Hélène : Voilà le fameux poison qui nous apportera la libération.

Hélène dépose le flacon sur une petite table ou une chaise.

Hyppolite : Je le ferai boire à mon paternel et nous pourrons vivre un amour éternel.

Phèdre, la servante se pointe.

Phèdre : Pardon monsieur, je dois vous prévenir.  Dans vos appartements, quelqu’un veut s’introduire.

Hyppolite : Un espion à la solde de mon père.  Courons surprendre cette vipère.

Hyppolite et Hélène sortent de scène rapidement en oubliant le poison.  Phèdre reste seule.

Phèdre : Toujours en train de courir.  Je sens que cela va mal finir.

On entend la voix de la reine Pénélope.

Pénélope : Phèdre ma servante, où es-tu cachée ?  Il faut que je boive, je suis assoiffée.  Apporte-moi de ce vin que j’ai demandé d’acheter ce matin.

Phèdre : Je n’ai pas eu le temps de faire cette commission, vite, il faut trouver une solution.

Fin de scène avec la version payante de ce texte de théâtre en ligne.

 

Scène 6 de ce texte de théâtre en ligne: La commedia dell’arte

Béatrice : Moi, aussi je veux jouer dans un sketch.  Myriam, trouve-moi un thème.

Myriam : Je pourrais vous parler de la commedia dell’arte (comédia delle arté).

Justine : Ah Oui !  Je connais ça la commedia dell’arte.  J’ai fait une recherche là-dessus l’an passé.

Xavier : Est-ce que c’est un mot italien ?

Myriam : Exactement.  C’est un théâtre qui nous vient de l’Italie du seizième siècle.  C’est un théâtre de foire qui se jouait dans la rue.

Xavier : Cool, un théâtre où on peut faire la foire !

Justine : Tout le monde connaît le personnage de Pierrot.

Les autres : Oui !

Justine : C’est un personnage de la commedia dell’arte, tout comme Harlequin, Colombine, Polichinelle et Pantalon.

Myriam : Encore là, on jouait avec des masques.  Le plus capoté, c’est qu’il n’y avait pas de texte écrit.  Les comédiens improvisaient à partir d’un canevas.

Jérémie : C’est parfait pour moi, ça.

Béatrice : Super, on fait de l’impro à partir des personnages de la comédie de l’arté.

Justine la reprend avec un petit accent italien : La commedia dell’arte !

Béatrice : C’est ça que j’ai dit.

Myriam : Je vais vous présenter les personnages comme il faut.  Tout d’abord, il y a Pantalon : un vieux riche ridicule qui garde tout son argent pour lui.

Olivier se met à marcher comme un vieillard, penché et les jambes écartées.

Justine : Olivier, tu serais parfait pour faire Pantalon.

Oliver va dans le coffre pour se trouver des accessoires.

Justine : Ça nous prend maintenant une Colombine.

Myriam : Colombine est belle, intelligente et pleine d’énergie.

Annabelle : Je veux faire Colombine, je suis belle, intelligente et pleine d’énergie.

Érika : On va dire, oui.

Justine : C’est bien, si tu veux, tu peux la faire.

Annabelle va se chercher des accessoires.

Justine : Ça nous prendrait maintenant un Harlequin.

Myriam : Harlequin est le valet de Pantalon.  Il est gentil, généreux, mais un peu simple d’esprit.

Amélie Savard : Maude pourrait le faire.

Maude : C’est un rôle de gars.

Amélie Savard : Ce n’est pas grave, c’est du théâtre.

Maude : C’est correct d’abord.

Maude va se chercher des accessoires.

Justine : Ça nous prend un valet astucieux.  C’est Brighella

Myriam : Brighella est moins connu, mais très utile.  C’est lui qui vient résoudre les situations.

Béatrice : Je vais jouer le rôle de Brigitta.

Justine, toujours avec son accent italien : Brighella.

Béatrice : Bon, bon.  Je vais aller voir si je peux trouver un masque.

Myriam : Moi, je me garde le Doctor.

Justine : Le Doctor est un homme qui se croit important et qui aime beaucoup parler de ses exploits et de ses connaissances.  Il marche le torse bombé.  Un peu comme Jérémie.

Jérémie : Ah ! Ah !

Myriam : Je m’en vais me préparer.

Myriam marche vers le coffre, le torse bombé.

Justine : Je vous donne une idée de départ : Pantalon veut marier Colombine et Harlequin cherche un moyen de l’en empêcher.

Les comédiens choisis pour le sketch font un bref caucus.

Annabelle qui s’avance : Nous sommes prêts.

Justine : Allez-y !

Pour que cela soit plus simple, nous allons utiliser les noms des personnages de la commedia dell’arte.

Colombine est seule.

Colombine : Quelle merveilleuse journée !  Je vais en profiter pour prendre des couleurs.

Pantalon arrive.  Harlequin, caché en arrière, observe la scène.

Colombine : Monsieur Pantalon, quel bon vent vous amène ?

Pantalon : Douce Colombine, comme votre peau est radieuse.

Colombine : Vous donnez des compliments avec une générosité qui me surprend, monsieur Pantalon.  Vous le faites sûrement dans un but précis.

Pantalon : Comme vous êtes perspicace ma chère.  Je serais donc économe de mes mots.  Je vais directement à ma demande : Voulez-vous m’épouser ?

Colombine : Vous épouser, pour quelles raisons ?

Pantalon : Parce que je vous aime et que je suis un homme important, estimé de tous et très « riche ».

Colombine : Oui, vos arguments portent à réflexion. Je suis prête à y songer.  Mais il faudrait tout d’abord que mon père, le Doctor, consente à notre union.

Pantalon : Je suis prêt à lui faire la demande et, au besoin, à le récompenser.  Vous me suivez.

Colombine : Je vous suis, très cher, je vous suis.

Pantalon : Je veux, sans perdre de temps, lui faire la demande.  Allons le trouver immédiatement.

Colombine : Il n’en est pas question.  Je reste ici sous ce beau soleil.  Faites-le appeler.  Je vous attendrai.

Pantalon : Je vais le faire appeler.  J’y cours tout de suite.

Pantalon en gardant sa démarche typique, part rapidement.  Harlequin vient rejoindre Colombine.

Harlequin : Ma belle Colombine adorée.  Quelle mouche vous a piqué ?  Vous n’allez tout de même pas épouser ce vieil avare poussiéreux de Pantalon.

Colombine : Pourquoi pas !

Harlequin : Mais que faites-vous de mes beaux sentiments ?

Colombine : C’est tout ce que vous avez à m’offrir ?

Harlequin : Vous savez que c’est tout ce que j’ai.  Mon maître Pantalon m’exploite depuis des lustres.

Colombine : Justement, Pantalon est très riche et je ne veux pas d’un mariage de misère.  Je vous garderai peut-être comme amant.

Harlequin : Mais, mammie !

Colombine : Vous êtes ridicule avec vos « mammie ».  Maintenant, laissez-moi.  Vous me faites de l’ombre.  Je veux prendre des couleurs.

Harlequin reste planté là.

Colombine : Allez, ouste !

Harlequin se dirige à l’autre bout de la scène, la mine basse.  Brighella arrive et va le rejoindre.

Brighella : Harlequin, mon ami, votre teint est pâle.  En cette belle journée, vous devriez plutôt être rayonnant.

Harlequin : Je n’ai aucune raison de rayonner, car un gros nuage gris est venu assombrir mon cœur et il pleut un torrent de larmes.

Brighella : Alors expliquez-vous mon ami.  Peut-être puis-je vous aider à effacer cette mauvaise température.

Harlequin : En un mot : Pantalon veut épouser ma Colombine.  La demande officielle aura lieu ici dans quelques instants.

Brighella : Je vois.  Si je comprends bien, le Doctor est en route.

Harlequin : Il sera là d’une minute à l’autre.  Il faut faire vite.

Brighella : Je vois.

Petit temps.

Harlequin : Nous pourrions peut-être le distraire, l’intercepter, l’empêcher de venir jusqu’ici.

Brighella : Non, laissons les choses suivre leur cours.  Nous agirons en temps opportun.

Harlequin : Tu es certain.

Brighella : Fais-moi confiance.  Attention, ils arrivent.  Cachons-nous.

Colombine est toujours là à se faire chauffer au soleil.  Bien sûr, elle n’a rien entendu de la dernière conversation.  Le Doctor arrive suivi de Pantalon.  Le Doctor se place au centre de la scène, le plus en avant possible.  Pantalon se tient un peu en retrait du côté opposé à Colombine.  Harlequin et Brighella sont cachés en arrière, parmi les autres enfants.

Doctor : Cette promenade est une excellente idée, mon cher ami Pantalon.  Comme il me fait plaisir de marcher en votre compagnie en une si belle journée !

Pantalon : C’est que j’aimerais, vous demander…

Doctor : Ah !  Quelle joie !  Ma fille Colombine qui est là.

Colombine : Comme il me fait plaisir de vous voir père !

Doctor : C’est vraiment une journée fantastique, n’est-ce pas mon cher Pantalon ?

Pantalon : Justement, une journée fantastique pour vous faire la demande…

Doctor : Ce soleil puissant me rappelle celui du désert lorsque j’ai combattu dans l’armée.  Nous n’étions qu’une poignée de survivants complètement entourés par les dangereux guerriers de la tribu des mamamouchis.

Pantalon : Oui, très intéressant, mais…

Doctor : Par miracle un vent du désert s’est levé, un vent puissant qui a forcé la retraite de la tribu.

Brighella sort alors de sa cachette pour aller donner un coup de pied au derrière du Doctor.  Celui-ci fait un saut et se retourne trop tard.  Brighella a regagné sa cachette.  Pantalon passe donc pour le coupable.

Doctor : Wow !  Non, mais.

Le Doctor se retourne en dévisageant Pantalon.  Celui-ci fait signe qu’il n’y est pour rien.

Doctor : Vous savez, j’ai été décoré pour cette occasion.  Ce n’est d’ailleurs qu’un des nombreux honneurs que j’ai reçus tout au long de ma vie.

Brighella recommence son petit cirque.  Le Doctor est dupe.

Doctor vers Pantalon : Franchement mon ami, retenez-vous !

Pantalon : Puisque je vous dis que je n’y suis pour rien.

Doctor : Je me souviens de mon premier Doctorat honorifique.  C’était, je crois, à l’université de Broubrouchi.

Brighella remet ça une troisième fois.  Le Doctor tombe dans le piège.  Il se retourne vers Pantalon.

Doctor : J’en ai assez.  C’est trop.  Vous m’amenez amicalement ici pour m’envoyer des coups de pied au derrière sous les yeux de ma fille.

Pantalon : Attendez, je vais vous expliquer.

Doctor : N’y compter pas.  Je suis vexé et je vous quitte sur-le-champ.  Au revoir ma fille !

Colombine : Au revoir, père !

Fin de la scène disponible avec la version payante de ce texte de théâtre en ligne.

 

Scène 7 de ce texte de théâtre en ligne: Molière

L’extrait entre Xavier et Jérémie est inspiré d’un passage du Bourgeois Gentilhomme.

Jérémie : C’est très bien la commedia dell’arte, mais, à mon avis, rien ne vaut un bon Molière.

Olivier : Non, pas encore Molière.

Jérémie : Écoute, Molière, c’est la source du théâtre français.

Érika : J’ai déjà essayé d’écouter une pièce de Molière à la télé.  J’ai trouvé ça plate.

Jérémie : Quelle idée d’écouter du théâtre à la télé !  Un Molière doit être vu en salle.  Il faut le vivre.

Amélie Tanguay : C’est difficile à comprendre.

Jérémie : C’est pourtant des intrigues très simples et très drôles.  On devrait  essayer de monter un Molière.

Justine : Tu n’apprends même pas tes textes.  T’aurais beaucoup de difficultés.

Olivier : Si on joue un Molière, je débarque de la troupe.

Jérémie : Laissez-faire, vous ne comprenez rien à l’art !

Jérémie s’avance sur le bord de la scène pour bouder les autres.  Pendant ce temps, Amélie Savard attire Justine vers l’avant à l’opposé de Jérémie.

Amélie Savard : Tu sais Justine, on ne se connaît pas beaucoup, mais j’ai une grande confiance en toi.

Justine : Tu es gentille, mais, qu’est-ce qu’il y a ?  Tu as un problème.

Amélie Savard : En quelque sorte, oui !

Justine : Je t’écoute.

Amélie Savard : Eh bien, voilà, je fréquente un garçon depuis plusieurs mois.

Justine : Il est beau ?

Amélie Savard : Oh oui, comme un dieu.  Il est grand, blond, sportif et bien sûr, il a les yeux bleus.

Justine : Quel est le problème ?

Amélie Savard : Ces derniers temps, il est devenu, comment te dire…

Justine : Un peu moins respectueux.

Amélie Savard : Si on veut… J’ai résisté, mais il commence à mettre beaucoup de pression.

Justine : Si tu veux mon avis, ce garçon ne t’aime pas.

Amélie Savard : Non !

Justine : Sinon, il serait plus patient.

Amélie Savard : Qu’est-ce que je devrais faire ?

Justine : Tu essaies de lui expliquer et s’il refuse de comprendre, tu l’envoies aux poubelles.

Amélie Savard : Tu es certaine.

Justine : C’est le comportement que doit adopter une fille bien.

Amélie Savard : C’est dommage !

Justine : Comme on dit “La mère des beaux gars n’est pas morte”!

Amélie Savard : Mais, où est-il ce garçon qui a toutes les qualités pour me plaire ?  J’ai beau chercher, je ne le trouve nulle part.

Justine : Peut-être que tu ne cherches pas à la bonne place, peut-être qu’il est sous tes yeux et que tu l’ignores.

Amélie Savard : Si c’est le cas, faites que je m’en aperçoive.  Ah !  Je suis tellement malheureuse.

L’attention se dirige vers Jérémie qui boude toujours.  Xavier va le rejoindre.

Xavier : Jérémie, tu ne le trouves pas bizarre, toi, le concierge.

Jérémie : Je ne le sais pas.

Xavier : D’habitude, le concierge n’est jamais là quand on participe à nos ateliers.

Jérémie : Qu’est-ce que ça change ?

Xavier : Ah rien.  Tu boudes encore à cause de Molière.

Jérémie : Ben, non !

Xavier : Ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça ton Molière.  À la condition qu’on le modernise un peu.  Il faudrait ajouter des monstres là-dedans.  On pourrait monter Godzilla contre l’Avare.

Jérémie : Franchement, t’es ridicule : Godzilla contre l’Avare.

Xavier : C’est une blague.  Je voulais juste te faire rire pour que tu arrêtes de bouder.

Jérémie : Tu ne peux pas m’aider.

Xavier : Pourquoi ?

Jérémie : Est-ce que tu as déjà vécu l’indifférence en amour ?

Xavier : Je n’ai jamais eu de blonde.  Je vis l’indifférence quotidiennement.

Jérémie : Pas autant que moi.  Je la vois tous les jours et elle ne me regarde même pas.

Xavier : C’est qui ?

Jérémie : Amélie.

Xavier : Amélie Tanguay !

Jérémie : Ben non, Amélie Savard-Brunelle.

Xavier : Ah !

Xavier pointe timidement Amélie Savard-Brunelle.

Jérémie : Prends garde, elle pourrait nous remarquer.

Xavier : Ce n’est pas ça que tu veux, qu’elle te remarque?

Jérémie : Non, je veux l’oublier.  Écoute, pour me guérir, dis-moi du mal d’elle.  Fais-moi un portrait qui me la rende méprisable.  Et n’écarte aucun défaut pour être certain de m’en dégoûter.

Xavier : Si tu y tiens.  Je crois que ce ne sera pas trop difficile.  Tout d’abord, elle a les yeux petits.

Jérémie : C’est vrai, ils sont petits.  Mais, ils sont perçants et intelligents.

Xavier : Elle a la bouche grande.

Jérémie : Oui, mais elle est gracieuse et elle inspire le désir.

Xavier : Elle est trop mince.

Jérémie : Je n’aime pas les filles aux formes trop prononcées.  Elle est juste parfaite.

Xavier : Elle se prend pour une autre.

Jérémie : Comment faire autrement lorsqu’on a tant de qualités ?

Xavier : Pour ce qui est de son intelligence…

Jérémie : Elle en a. Elle figure parmi les premières de sa classe.

Xavier : Elle est toujours sérieuse.

Jérémie : Ne me parle pas de ces filles idiotes qui rient pour un rien.

Xavier : Mais enfin, elle est capricieuse.

Jérémie : Oui, elle est capricieuse, je suis d’accord.  Mais on accepte tout des belles.  On est prêt à endurer un enfer pour les belles.

Xavier : Tu veux que je te dise, tu es aussi ridicule que les personnages bouffons de Molière.  Il est clair que tu aimes cette fille pour toujours.

Jérémie : C’est mon malheur !

Xavier : Il doit sûrement avoir une solution à ton problème.  Je vais y songer.

 

Pour obtenir la fin de l’histoire, procurez-vous ce texte de théâtre en ligne

Je travaille pour une école du Québec

Les écoles publiques et privées qui relèvent du ministère de l’Éducation du Québec peuvent obtenir les textes de théâtre sans frais grâce à un programme de droits de reprographie géré par Copibec.

Il faut une adresse courriel officielle d’un centre de service scolaire ou d’une école privée pour profiter de ce programme. Les élèves ne peuvent demander directement un texte.

Le nombre de pièces auxquelles vous avez droit annuellement peut être limité.

Chaque demande est analysée et vérifiée. Nous tentons de répondre dans un délai de deux jours ouvrables.

Je veux comprendre le droit d’auteur

Il faut d’abord savoir que le droit d’auteur est multiple.

Le droit de reprographie

Lorsque vous distribuez un texte à des comédiens et comédiennes, que ce soit de façon imprimée ou électronique, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur et payer des droits. En achetant un texte sur notre site Animagination, vous obtenez automatiquement l’autorisation et les droits, mais pour un projet unique. Le projet doit se réaliser dans un contexte amateur ou scolaire. Pour le domaine professionnel, il faut plutôt s’entendre avec l’auteur.

Notez que la procédure est différente pour les écoles du Québec. Consulter la section Je travaille pour une école du Québec.

Le droit de représentation

Que la ou les représentations soient gratuites ou qu’il y ait des droits d’entrée, vous devez vous procurer des droits de représentation pour respecter le droit d’auteur. Il n’existe que deux types d’exception : dans un milieu éducatif où l’audience est composée uniquement d’élèves (aucun parent) et à l’intérieur d’une cellule familiale où aucun étranger n’est invité.

Sur le site Animagination, vous pouvez vous procurer les droits de représentation lors de l’achat du texte ou revenir plus tard lorsque la ou les dates de représentation sont déterminées. Il est fortement conseillé de vous procurer ces droits avant les représentations.

Rappelez-vous que les droits d’auteur sont les seuls revenus de l’écrivain. C’est ce qui lui permet de continuer à écrire de belles histoires pour les jeunes.

Le droit moral

L’auteur a droit au respect de son œuvre. Elle ne peut être modifiée ou adaptée sans son consentement. Cependant, pour les textes du site Animagination vous n’avez pas besoin d’autorisation pour les modifications suivantes : changement d’un nom de lieu, transformation du genre d’un personnage, changement d’une expression qui n’est pas commune à l’endroit où la pièce est présentée. Aussitôt que vous transformez complètement une réplique, vous devez communiquer avec l’auteur.

Pour plus de détails, consultez notre Foire aux questions au bas de chaque page de la section Textes de théâtre.

Ce texte est fortement inspiré d’un feuillet d’information de la Société québécoise des auteurs et autrices dramatiques (SoQAD).