Le Méga Malade imaginaire

De Luc Boulanger

Résumé

Voici une adaptation revisitée de la célèbre pièce de Molière, spécialement conçue pour être interprétée par des jeunes. La trame générale du texte demeure largement inchangée, mais les répliques ont subi une cure de rajeunissement en éliminant les longs monologues et en modernisant les termes et expressions archaïques. En plus de cette mise à jour, plusieurs personnages ont été ajoutés et quelques interventions modifiées, afin d’offrir une expérience théâtrale enrichissante impliquant un plus grand nombre de jeunes talents. Une façon ludique et créative de faire revivre ce classique du théâtre français.

Fiche technique

  • Style/Thème : Adaptation d'un classique de Molière facile à jouer pour les jeunes
  • Lieu : Demeure luxueuse
  • Nombre de comédiens : Entre 12 et 17
  • Durée : 60 min. (48 pages)
  • Âge : 8 à 13 ans
  • Niveau : Avancé

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Informations générales

Théâtre Animagination

Extrait de la pièce

Le Méga Malade imaginaire

Adaptation du Malade imaginaire de Molière par Luc Boulanger

Les personnages

Tante Agnès, la malade imaginaire
Hector Sansregret : second mari de Tante Agnès
Angélique : Nièce de la Tante et amante de Clément
Louison : Nièce plus jeune de la Tante Agnès
Lucille : Autre nièce plus jeune de la Tante Agnès
Bérangère : Sœur de Tante Agnès
Clément : amant d’Angélique
Madame Diafoirus : Médecin
Thomas Diafoirus : son fils et prétendant d’Angélique
Madame Purgon : Médecin de Tante Agnès
Madame Plaster : Médecin de Tante Agnès
Madame Bonnefoi : Conseillère financier
Isabelle : Infirmière
Toinette : servante
Cécile : autre servante
Présentatrice un, présentatrice deux, traducteur sourd et muet.

Ce texte de théâtre de l’adaptation du Malade imaginaire est protégé par les lois sur le droit d’auteur. Avant de le reproduire (le photocopier), le présenter devant public ou le publier sur papier ou de façon électronique, assurez-vous d’avoir les autorisations requises. 


Introduction

Voix off « Pour éviter les malentendus, cette présentation est sous-titrée pour les malentendants ».

Les deux présentateurs arrivent et se placent au centre, en avant. Le traducteur de langage sourd et muet se place sur le côté. Ce dernier a la tâche d’imager le texte des présentateurs.

Présentateur 1 : Cher Public !

Présentateur 2 : En ces temps troubles où notre système de santé souffre d’un mal qui semble incurable, nous avons eu l’idée de vous offrir ce classique toujours actuel pour ne pas dire intemporel.

Présentateur 1 : Jean-Baptiste Poquelin dit Molière a écrit cette pièce en 1673, à la fin de sa vie, alors qu’il était la proie de la maladie et des médecins.

Présentateur 2 : D’ailleurs, il est décédé après la quatrième représentation. C’est donc sa dernière pièce, son testament.

Présentateur 1 : Plus de trois siècles plus tard, nous reprenons son texte à la manière des jeunes d’aujourd’hui.

Présentateur 2 : L’action se déroule à Paris, dans le manoir de tante Agnès, une riche héritière qui se croit atteinte de toutes les maladies de la terre.

Présentateur 1 : Nous espérons que ce divertissement vous permettra de vous dilater la rate ou de vous éviter un burn out.

Présentateur 2 : Et surtout, faites attention de ne pas mourir de rire.

Présentateur 1 : Pour ceux et celles qui désirent conserver la traduction en langage sourd et muet jusqu’à la fin de la pièce, vous devez porter des lunettes munies d’un décodeur approprié.

Présentateur 2 : Alors, place au Méga-malade imaginaire !

Les deux présentateurs et le traducteur s’en vont. Ouverture des rideaux.

 

Acte 1

Scène 1 de cette adaptation du Malade imaginaire : Tante Agnès, Lucille et Louison

Lucille est assise dans la chaise roulante de tante Agnès. Louison qui tient une trousse de médecin jouet est en train d’ausculter Lucille.

Louison : Ma chère madame, vous faites plus de 200 degrés de fièvre.

Lucille : Est-ce que c’est grave ?

Louison : C’est très grave. Mais grâce à mon nouveau remède qui coûte 50 dollars la pilule, vous aurez la vie sauve.

Lucille : Parfait. Je vais en prendre deux flacons.

Louison : Nous offrons une promotion, à l’achat de trois flacons, vous obtenez une paire de béquilles.

Lucille : Allons-y pour trois flacons. Docteur, vous ne trouvez pas que j’ai le lobe d’oreille enflé ?

Louison : Attendez que je vois cela.

Tante Agnès arrive soudainement. Elle marche avec une canne.

Tante Agnès : Lucille, que fais-tu dans ma chaise ?

Louison : Nous nous amusons tante Agnès.

Tante Agnès : Quel est donc ce jeu que vous jouez ?

Lucille : Nous jouons au médecin et au malade.

Tante Agnès : Voulez-vous donc attirer la malédiction sur vous. La maladie n’est pas un jeu. C’est un sujet fort sérieux auquel il faut vouer le plus grand des respects.

Louison : Mais jouer au docteur, ça ne fait pas de mal à personne.

Tante Agnès : Il vaut mieux éviter de se moquer de la maladie. Il est sage celui qui s’en fait un allié.

Lucille : Moi je pense plutôt qu’il est fou. La santé est une bien meilleure partenaire.

Tante Agnès : Tu es insolente quand tu dis cela et descends de ma chaise avant que le mauvais sort ne se jette sur toi.

Louison : Si ça porte malchance de s’asseoir dans une chaise roulante, pourquoi le faites-vous ?

Tante Agnès : Vous me donnez la migraine avec vos remarques et d’ailleurs, pourquoi traînez-vous dans mes appartements ? Je vous ai pourtant fait construire une salle de jeux insonorisée.

Lucille : Elle est sombre et ennuyante.

Tante Agnès : Comme vous êtes ingrates. Allez-y tout de suite.

Louison : On ne pourrait pas aller jouer dehors plutôt ?

Tante Agnès : Il fait trop froid et vous pourriez attraper une grippe qui se fera un plaisir de me sauter dessus et de me donner mon coup de mort. Ce n’est pas cela que vous voulez ?

Lucille : Non, ma tante.

Tante Agnès : Alors, obéissez sans rechigner.

Louison : Très bien.

Les deux petites filles s’en vont. Fin de la scène de cette adaptation du Malade imaginaire.

 

Scène 2 : Tante Agnès et M. Fleurant

Tante Agnès s’assoit dans sa chaise et prend son livre de comptes qu’elle regarde attentivement.

Tante Agnès : Voilà, le mois passé, j’ai payé 75 dollars et 24 sous pour des lavements, 42 dollars et 61 sous pour des piqûres, 73 dollars et 99 sous pour des pilules et 121 dollars pour les honoraires. Ce qui fait un total de 312 dollars et 84 sous. Alors que le mois d’avant, j’ai payé Quoi ! 410 dollars et 83 sous. Mais, je comprends enfin pourquoi je me sens moins bien. Mais, que font mes médecins. Je manque cruellement de soins.

M. Fleurant arrive à ce moment avec une seringue.

M. Fleurant : C’est l’heure de votre piqûre madame.

Tante Agnès : Vous arrivez juste à point. J’étais en train de faire le compte des médecines que j’ai reçues le mois passé et je m’aperçois que j’ai eu moins de soins que le mois d’avant.

M. Fleurant : C’est probablement parce que le besoin était moindre.

Tante Agnès : Qui est-ce qui a dit cela ?

M. Fleurant : Personne madame, je ne fais que supposer.

Tante Agnès : Laissez donc les suppositoires, eh les suppositions et dites à Madame Purgon et à Mme Plaster de doubler mes piqûres, de doubler mes lavements et de doubler mes remèdes de façon à ce que je me porte mieux le mois prochain.

M. Fleurant : Je ne manquerai pas de leur faire le message. Maintenant, penchez-vous, je dois vous faire votre piqûre.

Tante Agnès : Dites-moi, cette piqûre, c’est pour lutter contre quel mal ?

M. Fleurant : Je l’ignore. Il faudra demander à Mme Purgon.

Tante Agnès : Ce n’est pas grave. Je lui fais confiance.

En disant cela, Tante Agnès reçoit la piqûre et fait une grimace de douleur.

M. Fleurant qui a terminé : Comme une lettre à la poste.

Tante Agnès en se frottant : Merci, maintenant, veuillez me laisser.

M. Fleurant : Très bien. Je reviendrai cet après-midi pour votre lavement.

Tante Agnès : C’est ça.

M. Fleurant quitte.

 

Scène 3 de cette adaptation du Malade imaginaire: Tante Agnès et Toinette

Tante Agnès : Oh ! J’ai mal au dos. Où sont donc rendus mes coussins ?

Tante Agnès prend une petite cloche pour appeler un domestique. Au son de la cloche, on entend un petit « Ah ! » qui vient des coulisses. Tante Agnès continue à secouer la cloche. Toinette arrive en se frottant le front.

Toinette : Ça y est. J’arrive.

Tante Agnès : Bonne à rien !

Toinette : Vous êtes tellement stressante que je me suis cogné un grand coup sur le rebord de la fenêtre.

Tante Agnès : Bien fait.

Toinette, pour l’interrompre et l’empêcher de crier, se plaint toujours, en disant: Ah!

Tante Agnès : Il y a…

Toinette : Ah!

Tante Agnès : Il y a une heure…

Toinette : Ah!

Tante Agnès : Tu m’as laissé…

Toinette : Ah!

Tante Agnès : Tais-toi que je te querelle !

Toinette : Et pourquoi donc, après ce que je me suis fait ?

Tante Agnès : Tu m’as forcé à crier pour rien.

Toinette : Et vous m’avez fait me cogner la tête : l’un vaut bien l’autre.

Tante Agnès : Quoi! Insolente…

Toinette : Si vous me querellez, je pleurerai.

Tante Agnès : Laisse-moi te…

Toinette, toujours pour interrompre : Ah!

Tante Agnès : Effrontée, tu…

Toinette : Ah!

Tante Agnès : Je n’ai même plus le plaisir de te quereller.

Toinette : Querellez comme vous le désirez. Ça ne me dérange pas.

Tante Agnès : Mais, tu m’en empêches en m’interrompant à tous les coups!

Toinette : Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que, de mon côté, j’aie le plaisir de pleurer: chacun le sien.

Tante Agnès : Bon, bon ! Où sont mes coussins ?

Toinette : Je ne sais pas. Je les avais pourtant bien placés dans votre chaise.

Tante Agnès : Mes nièces ont transformé mon appartement en capharnaüm avec leurs jeux. Je ne serais pas surprise de retrouver mes coussins dans le tuyau de la cheminée ou dans le micro-onde.

Toinette : Allons madame, elles ne font que vivre leur vie de petites filles et elles sont plutôt sages.

Tante Agnès : Pas assez à mon goût. Le problème, c’est que je n’ai pas la santé pour élever des enfants. Depuis que mon frère et sa femme sont décédés dans ce terrible accident, je suis dans l’obligeance de subvenir aux besoins de leur trois rejetons.

Toinette : Cette tâche vous apporte également sa part de joies.

Tante Agnès : C’est vrai et j’ai trouvé le moyen de tirer profit de cette situation. Justement, je dois parler à l’aînée. Faites appeler Angélique.

Toinette : La voici qui vient d’elle-même: elle a deviné votre pensée.

Fin de la scène de cette adaptation du Malade imaginaire.

 

Scène 4 : Tante Agnès, Toinette, Angélique et Cécile

Angélique arrive. Elle est dans les vapeurs de l’amour.

Tante Agnès : Approchez ma chère Angélique. Vous arrivez à propos. Je voulais justement vous parler.

Angélique : Je suis prête à vous écouter chère Tante Agnès.

Tout d’un coup, Tante Agnès se prend le ventre.

Tante Agnès : Attends un peu. Où est ma canne.

Angélique : Juste ici ma tante.

Tante Agnès en se levant : Je reviens tout de suite.

Angélique : Je vous attends.

Tante Agnès s’en va. Angélique est toujours dans les vapeurs de l’amour.

Angélique : Toinette !

Toinette : Quoi?

Angélique : Regarde-moi un peu.

Toinette : Eh bien! Je vous regarde.

Angélique : Toinette!

Toinette : Eh bien, quoi, Toinette?

Angélique : Ne devines-tu pas de quoi je veux te parler?

Cécile arrive à ce moment en époussetant.

Cécile : Sûrement de votre jeune amant; car depuis six jours tous nos entretiens portent sur lui. Clément par ci, Clément par là.

Toinette : J’en ai tellement entendu parler que je pourrais le reconnaître même si je ne l’ai encore jamais vu.

Angélique : Depuis que je l’ai rencontré, je ne songe qu’à lui. Mais, dites-moi, pensez-vous que j’ai tort de m’abandonner à cet amour.

Cécile : Je me garde de tout commentaire.

Angélique : Tu me condamnes ?

Cécile : Loin de moi cette idée.

Angélique : Mon coeur me dit qu’il s’agit d’un honnête homme, généreux et passionné en plus. Dois-je me fier à mon intuition ?

Toinette : Ah ! Ces choses-là restent toujours difficiles à juger. Les grimaces d’amour ressemblent fort souvent à la vérité et j’ai connu de grands comédiens là-dessus.

Cécile : Mais son désir de vous demander en mariage est un gage de bonne volonté. Qu’attend-t-il pour le faire ?

Angélique : C’est qu’il craint un peu les humeurs de ma tante.

Toinette : Je le comprends.

Angélique : Je me dois donc de préparer le terrain.

Cécile : Votre tante revient. À vous de jouer.

Tante Agnès revient en se tenant toujours le ventre.

Tante Agnès : Ah ! Ces borborygmes !

Tante Agnès se rassoit dans sa chaise. Les deux domestiques restent en arrière bien à l’écoute.

Tante Agnès : Ma chère nièce, nous devons nous entretenir d’un sujet fort sérieux. Il s’agit de mariage.

Angélique : C’est justement de mariage que je voulais vous causer.

Tante Agnès un peu surprise : Ah oui ! En fait, j’ai reçu une demande officielle et je vous ai promise.

Angélique toute énervée regarde les deux domestiques.

Cécile : Ma foi, voilà une belle surprise !

Tante Agnès : Cela a l’air de vous faire plaisir. Je n’aurais donc pas à vous convaincre.

Angélique : C’est à moi, ma tante, de suivre aveuglément toutes vos volontés.

Tante Agnès : Je suis bien aise d’avoir une nièce aussi obéissante. Mon mari voulait que je fasse de vous une religieuse, mais j’ai toujours été réticente à cette idée. Mon mari est peut-être un peu trop pieux.

Toinette au public : Je dirais plutôt qu’il a un plan pas très catholique derrière la tête.

Tante Agnès : Donc, je n’ai pas encore vu le prétendant, mais on m’a dit que j’en serai contente et toi aussi.

Angélique : Assurément !

Tante Agnès : Comment, l’as-tu vu ?

Angélique : Puisque votre consentement m’autorise à vous ouvrir mon coeur, je peux donc vous dire que le hasard nous a fait connaître il y a six jours et que c’est suite à cette heureuse rencontre que la demande vous est faites.

Tante Agnès : Ah ! Ils ne m’ont pas dit cela, mais c’est tant mieux. Ils disent que c’est un grand jeune garçon bien fait.

Angélique : Oui, ma tante.

Tante Agnès : De belle taille.

Angélique : Sans doute.

Tante Agnès : Agréable de sa personne.

Angélique : Assurément.

Tante Agnès : Fort Honnête.

Angélique : Le plus honnête du monde.

Tante Agnès : Qui parle bien latin et grec.

Angélique : Ah ! Ça je ne savais pas.

Tante Agnès : Et qui sera reçu médecin dans trois jours.

Angélique : Lui, ma tante.

Tante Agnès : Il ne te l’a pas dit ?

Angélique : Non vraiment. Qui vous l’a dit à vous ?

Tante Agnès : Madame Purgon.

Angélique : Est-ce que madame Purgon le connaît ?

Tante Agnès : Voyons. Il faut bien qu’elle le connaisse puisque c’est son neveu.

Angélique : Clément, neveu de madame Purgon ?

Tante Agnès : Quel Clément ? Il n’y a pas de Clément dans cette histoire. Je te parle de Thomas Diafoirus, le neveu de madame Purgon qui sera reçu médecin et qui viendra dès cet après-midi avec son père pour régler les derniers détails.

Angélique est abasourdie. Elle s’assoit sur une chaise.

Tante Agnès : Que se passe-t-il ma nièce ? Je vous trouve tout à coup stupéfaite.

Angélique : C’est que je croyais que vous parliez d’une personne alors qu’il s’agissait d’une autre. Pardonnez-moi, je ne me sens pas très bien.

Angélique quitte encore abasourdie.

Cécile : Madame ! Quelle est cette machination ? Vous voudriez marier votre nièce à un médecin ?

Tante Agnès : Oui ! Et de quoi te mêles-tu insolente ?

Toinette : Tout doux ! Raisonnons sans nous emporter. Quelles motivations vous poussent à accepter un tel mariage ?

Tante Agnès : La raison est que me voyant infirme et malade, je veux avoir un gendre et des alliés médecins afin d’avoir des secours rapides et directs.

Cécile : La belle affaire ! Mais, votre nièce doit épouser un mari pour elle et comme, elle n’est pas malade, elle n’a pas besoin d’un médecin.

Tante Agnès : C’est pour moi que je lui donne un médecin et elle devrait être heureuse d’épouser ce qui est utile à la santé de sa tante.

Toinette qui se fait sérieuse : Madame, voulez-vous que je vous donne un conseil ?

Tante Agnès : Quel est-il ce conseil ?

Toinette : De ne plus songer à ce mariage.

Tante Agnès : Écoutez, ce Thomas Diafoirus est un parti plus avantageux qu’on ne pense. Il est le seul héritier d’une riche famille de médecins.

Cécile : Ils doivent en avoir tué des gens pour être devenu si riche.

Tante Agnès : J’en ai assez de vos commentaires impertinents.

Toinette : Moi, je vous dis que votre nièce n’a que faire de Thomas Diafoirus, de la riche famille Diafoirus et de tous les Diafoirus du monde.

Tante Agnès : Discourez comme vous voulez, ce mariage ce fera.

Cécile : Non, il ne se fera pas.

Tante Agnès : Pourquoi dites-vous cela ?

Cécile : Votre bonté vous en empêchera.

Tante Agnès : Comment ?

Toinette : Une petite larme ou deux, des bras jetés au cou et de petites phrases tendres suffiront.

Tante Agnès : Je n’en démordrais pas.

Cécile : Je vous connais, vous êtes bonne naturellement.

Tante Agnès en s’emportant : Je ne suis pas bonne et je sais être méchante quand c’est le temps.

Toinette : Tout doux ! Vous oubliez que vous êtes malade !

Tante Agnès : Quelle audace ! A-t-on déjà vu des domestiques parler de la sorte à leur maîtresse ?

Cécile : Il est de notre devoir de nous opposer aux choses qui peuvent vous déshonorer.

Tante Agnès se met à hurler : Ah les vilaines ! Si elle refuse de se marier, je la mettrai dans un couvent comme le veut mon mari.

 

Scène 5 de cette adaptation du Malade imaginaire : Tante Agnès, Toinette, Cécile et Hector

Hector se pointe à ce moment. Hector adopte un ton faussement doux.

Hector : Vous m’avez appelé ma femme ?

Tante Agnès : Ah mon mari ! Merci de venir à mon secours.

Hector : Qu’est-ce qu’il y a donc cher amour ?

Tante Agnès : Mon ami, on vient de me mettre en colère. J’en ai mal à la tête.

Hector : Comment donc ?

Tante Agnès : Ce sont ces coquines de servantes qui sont plus insolentes que jamais.

Hector : Calmez-vous !

Tante Agnès : Elles m’ont fait enrager !

Hector : Doucement !

Tante Agnès : Elles essaient avec effronterie de contrecarrer mes projets.

Hector : Allons donc, ne vous fâchez pas tant.

Tante Agnès : Je vous demande encore une fois de les chasser.

Hector : Mais ma chère, il n’y a point de domestiques qui n’aient leurs défauts. Et vous conviendrez avec moi que celles-ci sont adroites et surtout fidèles. Il est difficile de nos jours d’en trouver d’aussi honnête. Holà Cécile !

Cécile : Monsieur !

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Hector : Pourquoi est ce que vous mettez ma femme en colère ?

Cécile qui veut mettre Hector de son côté : Nous, monsieur. Je ne comprends pas. Vous savez que nous faisons tout pour plaire à madame.

Tante Agnès : Ah ! La traîtresse !

Toinette : Elle nous a dit qu’il voulait donner sa nièce en mariage à un certain Thomas Diafoirus. Nous lui avons répondu qu’il ferait mieux de la mettre dans un couvent.

Hector : Il n’y a pas grand mal à cela. Je trouve qu’elles ont raison.

Tante Agnès : Mais, mamour, vous les croyez ? Elles m’ont dit cent insolences.

Hector : Hé bien ! Je vous crois, ma chérie. Là, remettez-vous. Écoutez vous deux, si vous indisposez encore ma femme, je vous jetterai dehors. C’est compris.

Les deux servantes acquiescent.

Hector : Maintenant, donnez-moi des coussins et une couverture que je l’accommode dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment.

Les deux servantes partent.

Tante Agnès : Merci mamour !

Hector : Et enfoncez bien votre bonnet sur vos oreilles. Je ne voudrais pas que vous preniez froid.

Hector enfonce le bonnet un peu trop. Toinette et Cécile reviennent avec les objets demandés.

Hector en accommodant Tante Agnès : Levez-vous que je place les coussins. Mettons celui-ci derrière votre dos.

Pendant que Hector se retourne pour prendre la couverture, Cécile, avec le dernier coussins, donne un coup sur la tête de Tante Agnès et se sauve ensuite.

Cécile : Et voilà pour soigner votre mal de tête.

Tante Agnès : Ah ! La coquine !

Hector : Qu’est-ce qui se passe, donc ?

Tante Agnès : Je n’en puis plus.

Hector : Mais, cessez de vous emporter.

Tante Agnès : Vous ne connaissez pas la malice de cette coquine. Il me faudra sûrement trois piqûres et cinq lavements pour me calmer de tout cela.

Hector : Là, là, apaisez-vous un peu.

Tante Agnès : Mon cher, vous êtes toute ma consolation.

Hector en lui massant les épaules : Pauvre petit être.

Tante Agnès : Pour vous remercier de l’amour que vous me portez, je veux refaire mon testament.

Hector qui feint le désintérêt : Ah ! Ne parlons pas de cela, je vous en prie. Le seul mot de testament me fait tressaillir de douleur.

Tante Agnès : Je vous avais dit de parler de tout cela à votre notaire.

Hector : Justement, je l’ai amené avec moi. Il attend dans la pièce à côté.

Tante Agnès : Mais, faites-le entrer mamour.

 

Scène 6  de cette adaptation du Malade imaginaire: Tante Agnès, Hector et M. de Bonnefoy

Hector va chercher M. de Bonnefoy.

Tante Agnès : Approchez, M. de Bonnefoy, prenez un siège, s’il vous plaît.

Hector donne une chaise à M. de Bonnefoy.

Tante Agnès : Mon mari vous a peut-être parlé du testament que je veux refaire.

Hector : Hélas, je ne puis rester-là à vous écouter parler de ces choses.

Tante Agnès : Je vous en prie, demeurez avec nous. Vous avez de si bons conseils.

M. de Bonnefoy : En fait, votre mari m’a expliqué vos intentions et après quelques recherches je suis contraint de vous annoncer que vous ne pouvez par testament tout léguer à votre époux.

Tante Agnès : Mais comment cela ?

M. de Bonnefoy : La loi de Paris s’y refuse. Aussitôt qu’il y a des enfants héritiers d’âge mineur, en l’occurrence vos nièces, la loi vous oblige à leur laisser une part importante de vos biens.

Tante Agnès : Voilà une loi bien impertinente. J’aurais envie de consulter un avocat pour voir comment je pourrais faire pour contourner cela.

M. de Bonnefoy : Ne vous adressez pas aux avocats, ils sont d’ordinaire sévères là-dessus. Il y a des personnes à consulter qui sont bien plus accommodantes et qui connaissent des trucs qui vous permettent de passer doucement au-dessus des lois. Sans cela, où serions-nous de nos jours ?

Tante Agnès : Si je vous suis bien, vous connaissez donc un subterfuge qui nous permettrait de passer outre à cette maudite loi.

M. de Bonnefoy : C’est simple. Il vous suffit de contracter un grand nombre d’obligations, non suspectes, au profit de divers créanciers. Ensuite, vous choisissez un ami intime de votre époux qui prêtera son nom aux transactions réalisées et lorsque votre décès survient, cet ami redonne à votre mari le montant des obligations.

M. de Bonnefoy fait un clin d’il à Hector.

Tante Agnès : Comme c’est ingénieux.

M. de Bonnefoy : Vous pouvez aussi mettre tout de suite entre les mains de votre mari de l’argent bien sonnant ou des billets payables au porteur.

Hector : Mon Dieu ! Cessez de vous tourmenter avec cela. Je suis incapable d’imaginer ce que serait ma vie sans vous.

Tante Agnès : Mon cher amour !

Hector : J’ai tellement peur de vous perdre.

Tante Agnès : Ma raison de vivre.

Hector : Si jamais vous partez, je vous suivrai.

Tante Agnès : Vous me fendez le coeur. Consolez-moi, je vous en prie.

M. de Bonnefoy : Cessez de pleurnicher. Nous n’en sommes pas encore là.

Hector : Vous ne savez pas ce que c’est que d’avoir une femme que l’on aime tendrement.

Tante Agnès : Le seul regret que j’aurais en vous quittant sera de ne point vous avoir donné d’enfant.

M. de Bonnefoy : Des enfants d’un deuxième lit rendraient la question du testament encore plus compliquée.

Tante Agnès : Pour en revenir au testament, nous ferons comme monsieur dit. Alors, je vais contracter différentes obligations au nom de M. de Bonnefoy et je vais vous mettre entre les mains un coffre contenant près de dix mille dollars, ainsi que deux billets payables au porteur qui me sont dus, l’un par monsieur O’Neill et l’autre par monsieur Grenier.

Hector : Non, non, je ne veux pas de tout cet argent. Mais, combien dites-vous qu’il y a dans votre coffre ?

M. de Bonnefoy : Près de dix mille dollars, elle a dit.

Hector : Ah non ! Ne parlons pas d’argent. Et les deux billets, quelle valeur ont-ils ?

Tante Agnès : Si je me souviens bien, un de 8000 et un autre de 7500 dollars.

Hector : Tous les biens du monde ne sont rien au prix de vous.

M. de Bonnefoy : Si vous le désirez, je peux m’informer au sujet de certaines obligations que vous pourriez contracter.

Tante Agnès : Faites, mon ami, faites.

M. de Bonnefoy : Sur ce, je dois vous quitter.

Hector : Je vous reconduis.

Hector accompagne M. de Bonnefoy. Dans le dos de Tante Agnès, on voit qu’ils complotent et qu’ils sont contents de leurs manigances.

Tante Agnès : Ce monsieur de Bonnefoy est une relation qui va nous être fort utile.

Tante Agnès a de nouveaux des problèmes de ventre.

Tante Agnès : Ah non ! Ces borborygmes me reprennent.

Tante Agnès prend sa canne et quitte la scène en se tenant le ventre. Fin de la scène de cette adaptation du Malade imaginaire.

 

Scène 7 de cette adaptation du Malade imaginaire : Cécille, Toinette et Angélique

Toinette, Cécille et Angélique entrent.

Cécile : Je les ai entendu parler de testament. Ce deuxième mari de votre tante ne perd pas de temps. Il la pousse dans une conspiration qui va à l’encontre de vos intérêts.

Angélique : Ma tante peut disposer de son bien à sa fantaisie, pourvu qu’elle ne dispose point de mon coeur. Ne m’abandonnez pas, je vous en prie. Je suis au désespoir.

Toinette : Nous, t’abandonner. Pour ma part, j’aimerais mieux mourir.

Cécile : Le mari de votre tante a beau nous protéger par moments, je n’approuve en rien ses manigances.

Toinette : Mais, justement, utilisons ces sentiments qu’il a pour nous et faisons semblant d’être de son côté. Nous pourrons ainsi mieux manoeuvrer et parvenir à nos fins.

Cécile à Angélique : Arrange-toi pour faire venir Clément ici, il doit être informé de la situation. Entre temps, nous trouverons une solution.

Toinette : Quant à moi, je cours chez votre tante Bérangère qui vous a toujours soutenu et qui n’approuve en rien les agissements de sa soeur Agnès.

Angélique : Oh merci ! Vous êtes de fidèles servantes, je dirais même plus, de fidèles amies.

Cécile : Nous ne pourrons accepter de remerciements tant que le problème n’est pas réglé.

Toinette : Séparons-nous tout de suite, avant qu’on nous surprenne.

Angélique : Alors, à bientôt.

Ils quittent tous la scène.

Fin de l’acte un de cette adaptation du Malade imaginaire.

 

Pour obtenir la fin de l’histoire, achetez ce texte de cette adaptation du Malade imaginaire

 

Tableau répliques Méga-Malade imaginaire Molière

Tableau des répliques par scène de cette adaptation du Malade imaginaire

Je travaille pour une école du Québec

Les écoles publiques et privées qui relèvent du ministère de l’Éducation du Québec peuvent obtenir les textes de théâtre sans frais grâce à un programme de droits de reprographie géré par Copibec.

Il faut une adresse courriel officielle d’un centre de service scolaire ou d’une école privée pour profiter de ce programme. Les élèves ne peuvent demander directement un texte.

Le nombre de pièces auxquelles vous avez droit annuellement peut être limité.

Chaque demande est analysée et vérifiée. Nous tentons de répondre dans un délai de deux jours ouvrables.

Je veux comprendre le droit d’auteur

Il faut d’abord savoir que le droit d’auteur est multiple.

Le droit de reprographie

Lorsque vous distribuez un texte à des comédiens et comédiennes, que ce soit de façon imprimée ou électronique, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur et payer des droits. En achetant un texte sur notre site Animagination, vous obtenez automatiquement l’autorisation et les droits, mais pour un projet unique. Le projet doit se réaliser dans un contexte amateur ou scolaire. Pour le domaine professionnel, il faut plutôt s’entendre avec l’auteur.

Notez que la procédure est différente pour les écoles du Québec. Consulter la section Je travaille pour une école du Québec.

Le droit de représentation

Que la ou les représentations soient gratuites ou qu’il y ait des droits d’entrée, vous devez vous procurer des droits de représentation pour respecter le droit d’auteur. Il n’existe que deux types d’exception : dans un milieu éducatif où l’audience est composée uniquement d’élèves (aucun parent) et à l’intérieur d’une cellule familiale où aucun étranger n’est invité.

Sur le site Animagination, vous pouvez vous procurer les droits de représentation lors de l’achat du texte ou revenir plus tard lorsque la ou les dates de représentation sont déterminées. Il est fortement conseillé de vous procurer ces droits avant les représentations.

Rappelez-vous que les droits d’auteur sont les seuls revenus de l’écrivain. C’est ce qui lui permet de continuer à écrire de belles histoires pour les jeunes.

Le droit moral

L’auteur a droit au respect de son œuvre. Elle ne peut être modifiée ou adaptée sans son consentement. Cependant, pour les textes du site Animagination vous n’avez pas besoin d’autorisation pour les modifications suivantes : changement d’un nom de lieu, transformation du genre d’un personnage, changement d’une expression qui n’est pas commune à l’endroit où la pièce est présentée. Aussitôt que vous transformez complètement une réplique, vous devez communiquer avec l’auteur.

Pour plus de détails, consultez notre Foire aux questions au bas de chaque page de la section Textes de théâtre.

Ce texte est fortement inspiré d’un feuillet d’information de la Société québécoise des auteurs et autrices dramatiques (SoQAD).